Cannes 2022 | Tom Cruise en vitesse de croisière avec Top Gun Maverick

Cannes 2022 | Tom Cruise en vitesse de croisière avec Top Gun Maverick

Une brève masterclasse, une Palme d’or d’honneur (surprise), la patrouille de France qui passe deux fois au dessus des marches quand il les gravit : Tom Cruise (lire notre portrait) n’a pas fait le déplacement à Cannes pour rien cette année. Il a été accueilli en mégastar, comme on invite un Chef d’Etat de haut rang.

La dernière star a encore porté des blockbusters sur ses épaules (et pour les salles de cinéma uniquement) revient avec une suite, celle de son premier hit au box office, Top Gun, sorti aux Etats-Unis il y a 36 ans. Lui ne semble pas trop vieillir (et conserve une musculature de jeune homme). Les avions ont évolué (le mode furtif complique un peu les vieux réflexes). Il conduit toujours ses motos sans casque. Si on ne saura rien du personnage de Kelly McGillis, pourtant central dans le premier Top Gun, on découvrira les destins de Meg Ryan, Ed Harris et Val Kilmer (dans la seule séquence émotion du film). Pour le reste, on a rajeunit et métisse le casting, Miles Teller en tête (moustachue) de patrouille, et Jennifer Connelly pour la dimension romantique.

C’est dans les vieux pots…

On l’a compris, rien n’a vraiment changé sous le soleil (souvent couchant) de North Island. Top Gun Maverick a repris la bonne vieille recette « marmitton » de Top Gun. Une bonne quiche avec un peu de muscade et des Œufs bios, sans gluten mais avec une dose de crème épaisse en plus.

La musique est exploitée de la même manière rappellera les bons vieux souvenirs du pop rock eighties. Lady Gaga s’offrant un fade slow final pour essayer de rivaliser avec « Take My Breathe Away ». Les relations interpersonnelles sont identiques et chacun des personnage a son stéréotype : le frimeur qui se veut leader, le rancunier trop cérébral, la douée, des supérieurs contrariants, etc. Les clichés s’amocellent à la pelle. Jusqu’à la scène de team-building (football à moitié à poil sur la plage) qui n’aurait pas déplu à Michael Bay. C’est ce que les fans de l’époque redemandent. Et la réalisation est suffisamment nerveuse pour actualiser ce film d’héroïsme aux temps actuels. Au moins, le scénario s’applique à raconter quelques histoires (très binaires) et à nous faire décoller dans une mission périlleuse (bien foutue).

Pour le reste, tout repose sur le même principe que les films du genre (jusqu’à Mission Impossible et James Bond : vous êtes vieux, voué à disparaître (bientôt les avions sans pilotes vous remplaceront), mais évidemment on va tout faire pour prouver le contraire dans une mission… impossible. Tom Cruise, tête brûlée bien sur les épaules, a conscience que son cinéma est condamné (« Peut-être, mais pas aujourd’hui » dit-il). Le scénario est calqué sur le film original (multipliant les références et quelques brefs flash backs). Tous les codes et toute l’esthétique des blockbusters à l’ancienne sont respectés. Cela procurera un plaisir « vintage » et régressif aux « boomers » mais cela peut aussi séduire un public plus jeune avide de belles histoires et de prouesses aériennes.

Rien n’est vraiment réel, tout est même assez factice. Mais le contrat est rempli. Tom Cruise boucle sa propre mythologie avec ce film aux saveurs reaganiennes et aux valeurs virilistes. En espérant, pour les cinéphiles, qu’il reviendra à un cinéma moins spectaculaire et moins formaté.

Top Gun : Maverick
Festival de Cannes 2022 (hors-compétition)
Durée : 2h11
Réalisation : Joseph Kosinski
Scénario : Ehren Kruger, Eric Warren Singer, Christopher McQuarrie
Musique : Lorne Balfe, Harold Flatermeyer, Lady Gaga, Hans Zimmer
Image : Claudio Miranda
Distribution : Paramount Pictures
Avec Tom Cruise, Miles Teller, Jennifer Connelly, Jon Hamm, Glen Powell, Ed Harris, Val Kilmer, Monica Barbaro...