Cannes 2022 | El Agua, conte surnaturel un peu brouillon

Cannes 2022 | El Agua, conte surnaturel un peu brouillon

Avec son premier drame, la réalisatrice espagnole Elena López Riera surprend mollement la Croisette. Explications.


Où sont les femmes ?


Dans un petit village du sud-est de l’Espagne, Ana et sa bande de potes endurent l’été. Alors qu’une tempête menace de faire déborder à nouveau la rivière qui traverse le village, Ana est confrontée à une vieille croyance selon laquelle des femmes disparaissent à chaque nouvelle inondation car elles ont « l’eau en elles ».


Un an après Clara Sola, la Quinzaine s’offre un nouveau conte surnaturel centré sur des femmes. Mais c’est là que s’arrête la comparaison car El Agua, bien que doté d’une photographie naturaliste très efficace, ne parvient pas à contenter tout le monde. En effet, son rythme particulièrement lent empêche d’adhérer pleinement aux péripéties d’Ana (Luna Pamiés), personnage central dont la psychologie semble à peine effleurée. Rebelle car sa mère l’est, l’adolescente sort uniquement du lot en raison de la réputation que les villageois ont fait à sa famille.


Un véritable bémol lorsque l’on sait que le personnage a(vait) tout sur le papier pour devenir une héroïne moderne. Son histoire d’amour avec le beau José (Alberto Olmo), intrigue parallèle moins intrigante que prévu, nous rappelle sans cesse la fugacité des amours adolescentes et leur aspect relativement fondateur. Alors que faut-il retenir de ce film qui ne peut que diviser ? Evidemment, son scénario cohérent de bout en bout (et écrit à quatre mains par Elena López Riera et Philippe Azoury). Mais également sa capacité à donner du sens aux silences. Qu’ils soient voulus ou imposés par les personnages, ceux-ci apportent beaucoup au mystère généré par ladite croyance. Une croyance qui nous échappe tant ses apparitions sont alambiquées.


Enfin, impossible de ne pas mentionner les deux scènes fortes du film, qui n’auront aucun mal à séduire les plus jeunes : quand les amis d’Ana font la fête, ils ne la font pas à moitié. Rythme électro, images clipesques et beauté des corps créent une ouverture et une fin mémorables à ce qui aurait pu être une pépite particulièrement envoûtante !

De Elena Lopez Riera
Scénario : Elena Lopez Riera, Philippe Azoury
Durée : 1h 44min 
Genre : Drame
Avec Luna Pamies, Bárbara Lennie, Nieve de Medina