Nos projets préférés de longs métrages d’animation présentés au Cartoon movie 2023

Nos projets préférés de longs métrages d’animation présentés au Cartoon movie 2023

Rendez-vous incontournable des professionnels du cinéma d’animation, véritable tremplin pour de nombreux films qui y trouvent financement, coproducteurs ou diffuseurs internationaux, le Cartoon Movie est aussi un lieu formidable pour se tenir au courant des projets en cours, de ceux qui en sont encore au simple stade du désir dans l’esprit de leurs créateurs et créatrices aux longs métrages qui arriveront sur nos écrans d’ici la fin de l’année.

C’est notamment ici que l’on a repéré quelques-unes des oeuvres animées les plus passionnantes de ces dernières années, de l’incontournable J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin à Interdit aux chiens et aux Italiens d’Alain Ughetto, en passant par L’extraordinaire voyage de Marona d’Anca Damian ou encore White plastic sky de Tibor Banoczki et Sarolta Szabo, présenté à Berlin en février dernier.

Il est probable que l’édition 2023, qui se tenait en mars dernier, ne fasse pas exception, puisqu’on a pu y voir quelques séquences de films très attendus comme Mars express de Jérémie Périn (image ci-dessus), intrigant mélange de science fiction et de film noir, et Linda veut du poulet de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach (image en ouverture), une comédie burlesque familiale et musicale. On espère avoir l’occasion de vous en reparler très vite… à l’occasion d’une sélection à Cannes ou à Annecy, par exemple ?

En attendant, voici une petite sélection de projets en production, en développement ou même en concept qui risquent de ne pas atteindre les écrans avant 2026 ou 2027, et dont vous aurez entendu parler ici en premier !

The Bird kingdom de Wesley Rodrigues

Dans un sertão brésilien fantasmé, où les êtres humains peuvent se transformer en oiseaux de proie, le jeune Sete-Penas est recueilli par un « cangaceiro » (hors-la-loi) local aspirant à devenir une légende. Dix ans plus tard, suite à une attaque de train ayant mal tourné, il est séparé de sa bande, et doit arpenter la région caché parmi une troupe de comédiens ambulants.

C’est l’animateur et illustrateur brésilien Wesley Rodrigues qui est aux manettes de ce western singulier particulièrement remarqué lors du Cartoon Movie. Le style graphique très riche et saisissant vient sublimer une histoire qui tranche avec la majorité des récits présentés cette année. L’animation se fera en 2D, avec des décors peints à la main privilégiant une gamme chromatique de couleurs chaudes. Ce long métrage envoûtant inspiré tout autant des univers de Sam Peckinpah et d’Alejandro Jodorowsky que de Hayao Miyazaki bénéficiera de la résidence du Festival d’Annecy dès cet été.

Cursed children de Matisse Gonzalez

Lui aussi au simple stade de concept, ce projet de long métrage éminemment personnel s’enracine dans l’histoire de la réalisatrice Matisse Gonzalez, dont le grand-père a été un membre important de la sanglante dictature bolivienne. Son héroïne Kiki s’aperçoit qu’une malédiction pèse sur sa famille : son oncle est transformé en chat, son cousin est couvert de plantes… et elle-même perd des morceaux de son corps.

Lorsqu’elle comprend que cela arrive à chaque fois qu’elle découvre un élément lié au sombre passé de son grand-père, Kiki réalise que la malédiction ne touche pas seulement sa famille, mais tout le pays. Sur un ton humoristique (et avec un graphisme presque enfantin), Cursed children aborde ainsi la question du traumatisme (intime et collectif) et de la responsabilité des descendants.

Happy end de Marie Amachoukeli et Vladimir Mavounia-Kouka

Avec aux manettes Marie Amachoukeli et Vladimir Mavounia-Kouka à qui l’on doit le court métrage I Want Pluto to be a planet again, Happy end s’annonce comme le projet le plus décalé de cette édition du Cartoon Movie. Jugez plutôt : suite à un étonnant concours de circonstance, la mort (incarnée dans une mouche) se retrouve neutralisée, incapable d’agir. Bertha, une ancienne militaire dépressive contrariée de ne pouvoir se suicider, se lance à sa recherche. En parallèle, les animaux de basse-cour -momentanément sauvés de l’abattoir – décident de se révolter en ensevelissant la ville sous des tonnes de fiente.

On peut donc s’attendre à un humour résolument outré et à un rythme trépidant pour cette farce qui s’inspire ouvertement des cartoons des années 1920-1930, et recourt notamment à l’aspect très graphique du noir et blanc.

Prends garde à toi de Sébastien Laudenbach

Déjà un nouveau projet dans les tuyaux pour Sébastien Laudenbach ! Pour son troisième long métrage, il propose un film inspiré à la fois de l’opéra Carmen de Bizet (livret signé Henri Meilhac et Ludovic Halévy) et de la nouvelle de Prosper Mérimée, sans en être pour autant une adaptation au sens propre. Il s’agira en effet de l’histoire de deux enfants qui, ayant appris qu’une jeune femme va être assassinée, décident d’aller contre la prédiction et de la sauver. Le film abordera des questions évidemment ultra contemporaines et universelles autour des violences faites aux femmes, mais aussi celle du destin et de la possibilité de lui échapper.

Dans les premiers travaux préparatoires, on retrouve en partie le style graphique du réalisateur : des décors aux teintes vives et des personnages presque stylisés, comme peints à grands traits et à grand renfort d’aplats de couleurs. Comme pour Linda veut du poulet !, le réalisateur recherche à nouveau quelque chose de très naturel et spontané dans le choix des voix et des dialogues. La partition de Bizet devrait quant à elle être présente uniquement sous la forme de clins d’oeil musicaux. Cette transposition libre et résolument moderne de l’histoire de Carmen sera destinée aux enfants à partir de 7 ans.

Le Roman de Renart de Léo marchand et Anne-Laure Daffis

Après son passage réussi au long métrage avec Les voisins de mes voisins sont mes voisins l’an dernier, le duo Anne-Laure Daffis et Léo Marchand est déjà de retour avec un concept assez excitant : l’adaptation du Roman de Renart à partir de l’enregistrement qu’en avait fait Bourvil dans les années 70. Dans ce disque qui dure un peu moins d’une heure, Renart (interprété par Bourvil, donc) raconte ses aventures à son fils, avec ce style inimitable qui est le sien.

Le film reprendra le style graphique de l’oeuvre des cinéastes qui utilise beaucoup de prise de vue réelle (pour les décors, notamment) et des personnages dessinés en 2D. Et pour apporter une touche de modernité au récit, et éviter un aspect trop nostalgique, voire suranné, des anachronismes (comme un four à micro-ondes et un téléphone portable) se mêleront aux ustensiles plus traditionnels.

À noter pour conclure l’annonce de deux autres projets dont on devrait à nouveau entendre parler : l’adaptation de Cyrano de Bergerac avec des animaux semi-anthropomorphes par Guillaume Gallienne (qui a suscité une certaine stupéfaction chez les professionnels présents en estimant son budget à 20 millions d’euros – là où les autres films tournent plutôt autour de 6 ou 8) et celle du roman graphique I’m still alive de Roberto Saviano par lui-même.