Le 49e Festival du cinéma Américain de Deauville a été privé de l’absence de grandes stars (Natalie Portman, Peter Dinklage, Joseph Gordon-Levitt, Jude Law étaient attendus), privés de tapis rouge pour cause de grève des scénaristes et des acteurs aux Etats-Unis.
Cela ne l’a pas empêché de voir sa fréquentation en hausse de 20% malgré un grand soleil set la tentation de la plage. Les spectateurs étaient au rendez-vous et remplissaient les salles Deauvillaises, notamment pour les deux films quotidiens de la compétition.
Eclectisme
La sélection comprenait 14 films en compétition dont 9 premiers films. Les nouvelles romances amoureuses avaient la côte : Past lives – nos vies d’avant, La vie selon Ann et Fremont misaient sur la différence tandis que Summer solstice, Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers suivaient sur une tendance queer. Il y avait du polar (Blood for dust avec Scoot McNairy et Kit Harington, LaRoy, I.S.S.), du drame provoqué par les frustrations de d’ambitions contrariées (Cold copy, Manodrome avec Jesse Eisenberg et Adrien Brody), le poids trop lourd du deuil (Runner, The Graduates) et des fugues pour se trouver une nouvelle famille (The Sweet east avec Talia Ryder, Wayward).
Doublé pour The Sweet East
Le jury de la Révélation présidé par Mélanie Thierry, qui était entourée de Julia Faure, Pablo Pauly, Félix Lefebvre, Ramata-Toulaye Sy et Cécile Maistre-Chabrol, s’est accordé sur un choix clair (et compréhensible) en faveur de The Sweet east de Sean Price Williams, déjà présenté à la Quinzaine des cinéastes à Cannes. Il était connu comme le directeur de la photographie délicat pour Alex Ross Perry et agité pour les frères Joshua et Ben Safdie. Pour son long-métrage en solo, il est justement resté du côté de l’agitation. L’histoire (et sa caméra) suit les mésaventures d’une jeune fille qui ne rentre pas chez elle et qui va aller de rencontres bizarres en rencontres dangereuses, et c’est diverses populations plutôt représentatives du côté obscur des USA d’aujourd’hui.
Le grand jury avait pour président l’acteur-réalisateur-scénariste-producteur Guillaume Canet. Marina Hands, Rebecca Marder, Alexandre Aja, Léa Mysius, Stéphane Bak, Laure de Clermont-Tonnerre, Anne Berest et Yodelice formaient le jury. Leurs délibérations ont été plus mouvementées pour s’accorder sur uniquement deux prix et trois films.
Un prix ex-aequo récompense ainsi Fremont de Babak Jalali, film en noir et blanc composé de nombreux plans fixes où une jeune afghane arrivée aux Etats-Unis se sent trop seule dans son quotidien et son petit boulot. L’autre prix revient The Sweet east de Sean Price Williams.
Le grand prix a été décerné à LaRoy de Shane Atkinson. Soit une réjouissante comédie policière qui repose sur un scénario drôle et plein de rebondissements inattendus, porté par une galerie de personnages hauts en couleurs interprétés par une pléiade de grands comédiens : John Magaro, Steve Zahn, Dylan Baker, Megan Stevenson, Matthew Del Negro, Brad Leland. Un homme reçoit par inadvertance, à la place d’un vrai tueur à gage, de l’argent pour tuer quelqu’un… Ce premier long-métrage (d’ailleurs coproduit par des français) prolonge les courts du cinéaste qui nous avait déjà habitué à son univers très Frères Coende voyous maladroits et imprévisibles. Une sortie en salles est prévue au printemps 2024.
Le jury de la Critique a confessé quatre coups de cœur, mais ils ont favorisé celui qui leur a procuré le plus de plaisir (‘le film qui nous a fait le plus kiffer‘), c’est à dire LaRoy. Le consensus est total puisque le public a aussi préféré le film de Shane Atkinson.
Le Palmarès du 49e Festival du cinéma Américain de Deauville :
Grand Prix : LaRoy réalisé par Shane Atkinson
Prix du Jury ex-aequo : The Sweet East réalisé par Sean Price Williams
Prix du Jury ex-aequo : Fremont réalisé par Babak Jalali
Prix de la Révélation : The Sweet East réalisé par Sean Price Williams
Prix de la Critique : LaRoy réalisé par Shane Atkinson
Prix du Public : LaRoy réalisé par Shane Atkinson
