Deauville 2023 : 3 coups de coeur au féminin pluriel

Deauville 2023 : 3 coups de coeur au féminin pluriel

Le Festival du cinéma Américain de Deauville peut s’enorgueillir d’avoir remis son Grand Prix a des films aussi mémorables que Dans la peau de John Malkovich de Spike Jonze, Girlfight de Karyn Kusama, Hedwig and the Angry Inch de John Cameron Mitchell, Take Shelter de Jeff Nichols, Whiplash de Damien Chazelle ou encore The Rider de Chloé Zhao… Et de nombreux autres films indépendants ont aussi trouvé leurs spectateurs dans les salles après leur avant-première près des planches normandes.

La sélection deauvilloise est toujours une découverte de nouveaux cinéastes prometteurs. « Toujours en quête du talent de demain mais déjà rieur aujourd’hui, la compétition forte de neuf premiers films et de huit films de réalisatrices donne à espérer sur le futur du cinéma indépendant. À travers les films proposés aujourd’hui au nombre de quatorze. La thématique reste toujours l’affirmation par la compréhension de la différence des êtres, adultes ou adolescents… » affirme le Festival.

Pour 2023 le palmarès a fait consensus – jury, critique, public – autour de LaRoy. Mais étrangement, et malheureusement, aucune femme réalisatrice n’a été récompensée, alors que certaines d’entre-elles proposaients des films parmi les meilleurs du festival.

Voici trois coups de coeur qu’il faudra découvrir.

Past Lives, nos vies d’avant, de la réalisatrice Celine Song (avec Greta Lee, Teo Yoo, John Magaro…), sortie le 13 décembre 2023 : La longue séquence d’ouverture dans un bar montre une femme entourée de deux hommes. On pourrait essayer de deviner leur relation, par exemple un couple marié dont l’épouse vient de retrouver son amour de jeunesse… Soit une situation vécue par la réalisatrice Celine Song et qui s’en est inspirée pour cette histoire. Deux adolescents se sont attachés l’un à l’autre en Corée du Sud, mais la jeune fille a émigrée aux Etats-Unis. Elle y est heureuse en couple avec un américain. Plus d’une dizaine d’années plus tard, l’ami coréen débarque pour une visite… Se bousculent alors des souvenirs et des regrets.

Depuis les festival de Sundance et de Berlin cet hiver et sa sortie dans les salles américaines en juin Past Lives, nos vies d’avant ne cesse de charmer beaucoup de monde, et d’ailleurs le distributeur A24 est déjà en coulisses pour le pousser vers quelques nominations aux Oscars (après leur hold-up de statuettes l’année dernière pour Everything everywhere all at once), ça arrive dans nos cinémas le 13 décembre.

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Wayward de Jacquelyn Frohlich (avec Chloe Guidry, Jess Weixler, Jessica Sula…)

Une mère et sa fille de 11 ans font un long voyage en voiture pour déménager. Elle a prévu de se marier avec son nouveau compagnon, mais l’ado boude. Elle en a marre d’être trimballée trop souvent d’une ville à une autre. La relation mère-fille est compliquée. À une station-service, la mère va prendre en stop une jeune femme. Mais, durant une autre halte, la mère (la trop rare Jess Weixler) est horrifiée : sa fille a disparu, emmenée par l’inconnue on ne sait où. Du point de vue de la gamine, c’est d’abord une fugue pour embêter sa mère et s’amuser avec cette jeune femme charismatique et cool. Mais dans les faits, c’est un kidnapping pour demander une rançon à sa mère… Le film explore les connexions entre mère-fille, ravisseur-otage, et surtout le point de vue changeant d’une adolescente qui cherche vainement une possible mère de substitution.

Fitting In, par la réalisatrice Molly McGlynn (avec Maddie Ziegler, Emily Hampshire…)

Ce film ne faisait pas partie de la compétition Deauvillaise, mais il a été présenté durant le festival en avant-première. C’est le second long-métrage de la réalisatrice Molly McGlynn (après Mary goes round, inédit chez nous). C’est une joyeuse comédie sur la forme et un teen-movie dans ses thèmes. Des lycéens qui expérimentent leurs premières fois sexuelles. La jeune Lindy de 16 ans, cheerleader, s’est entichée d’un garçon sportif (le cliché-type). Mais, par rapport à ce que raconte ses copines, elle se sent en retard puisqu’elle n’a jamais eu ses règles. Un rendez-vous pénible chez un gynécologue révèle une anomalie dans son ventre qui pourrait la conduire à ne jamais avoir d’enfant ni même de relation sexuelle, comme son petit-ami l’espère. Le point de départ est étonnant, avec un humour qui pourrait faire craindre le pire. Cependant, c’est le meilleur qui va suivre. Toutes les situations habituelles du teen-movie sont revues (et renversées) avec un regard féministe : la découverte de son propre corps, les discussions entre copines, les confidences mère-fille, la séduction des autres, les appréhensions de la première fois, les rumeurs honteuses, ce qui définit la féminité, ce qui considéré comme la normalité…