C’est tout le cinéma contemporain en provence des pays de l’Amérique Latine qui était comme chaque année à l’honneur du Festival CinéLatino de Toulouse avec, en fil rouge, les 12 films de fiction en compétition, et une invitée de marque venue du Mexique.
L’actrice mexicaine Teresa Sánchez a été l’invitée d’honneur présente à Toulouse cette année. Plusieurs films dans lesquelles elle a joué avaient été primés à CinéLatino, notamment Dos Estaciones de Juan Pablo González (un prix spécial d’interprétation au Festival de Sundance 2022) et Totem de Lila Avilés (le film du Mexique candidat à l’Oscar du meilleur film international 2024). Pour l’occasion elle a accompagné la projection de plusieurs de ses films: La Camarista aussi de Lila Avilés (sorti dans les salles françaises en 2019) et Noche de fuego de Tatiana Huezo (au Festival de Cannes en 2021, puis candidat du Mexique à l’Oscar du meilleur film international 2022), Verano de Goliat de Nicolás Pereda (au Festival de Venise 2010). Teresa Sánchez a déjà une longue carrière (au cinéma tout comme au théâtre, mais aussi en tant que productrice et chanteuse). Mais elle est remarqué en dehors du Mexique seulement depuis quelques années, en particulier pour ses rôles dramatiques très forts dans des films de jeunes cinéastes (Tatiana Huezo, Lila Avilés, ….).
Pour les 12 films de fictions en compétition le jury international – incluant le réalisateur cubain Ernesto Daranas Serrano, le compositeur de musiques Harry Allouche (dont la musique de Les Colons), et Julie Savary (Arte Cinéma France) – a été sensible au film J’ai vu trois lumières noires de Santiago Lozano Álvarez, autour de la sauvegarde des traditions menacées dans une jungle de Colombie. C’est le deuxième long-métrage de Santiago Lozano Álvarez après Siembra, également primé à CinéLatino en 2016.
Comme souvent les traumas du passé politique laissent encore des traces aujourd’hui…
Dans Aullido de inverno de Matías Rojas Valencia il s’agit de se souvenir de son enfance abusée et enfermée dans la ‘Colonia Dignidad’ au Chili (une secte allemande puis centre de détention sous le régime de Pinochet).
De son côté, No nos Moveran de Pierre Saint-Martin Castellanos est un premier film mexicain haletant porté par l’actrice Luisa Huertas qui du haut de ses 70 ans est déterminée à venger la mort de son jeune frère il y a des années en retrouvant le soldat coupable, le film a eu d’ailleurs été récompensé par plusieurs prix.
Le choix de devoir changer de lieu de vie et de migrer ailleurs était au coeur de Retrato de um certo oriente de Marcelo Gomes, avec un frère et sa soeur du Liban qui arrivent au Brésil. Très liés, le frère ne supporte pas que sa soeur y tombe amoureuse…Betânia de Marcelo Botta présente une région peu filmée du nordeste du Brésil où les dunes et les lagunes sont mouvantes et changent autant le paysage que la vie locales des familles. Mais elle devient aussi une zone touristique (avec une longue séquence de deux touristes français insupportables). Le drame le plus émouvant était sans doute Valentina o la serenidad de Ángeles Cruz où une petite fille n’arrive pas comprendre la mort de son père. Et la comédie la plus amusante était La Practica de Martin Rejtman où des couples ont bien des difficultés à se séparer, tout comme à se reformer.
En compétition également, et peut-être le film qui sera le plus rapidement disponible en France, il y avait également Sujo du duo de réalisatrices Astrid Rondero et Fernanda Valadez : ce film a remporté le Grand prix du dernier Festival de Sundance 2024. Il raconte sur plusieurs années (en quatre parties) l’enfance et l’adolescence d’un enfant dont le père tueur à gage a été assassiné par un gang rival. L’enfant recherché est d’abord caché, mais au fur et à mesure qu’il grandit, il se rapproche à son tour du monde des gangs de passeurs de drogues, tout en essayant de s’en tenir à l’écart pour une nouvelle vie. Autant drame que thriller Sujo devrait refaire parler de lui à l’avenir.
Le Palmarès, pour les films de fictions, de cette édition 2024 du Festival CinéLatino :
GRAND PRIX COUP DE CŒUR : J’ai vu trois lumières noires, de Santiago Lozano Álvarez – Colombie (et coproduction France, Allemagne, Mexique)
Mention Spéciale de Jury : Estranho Caminho, de Guto Parente – Brésil
Prix Ciné+ : Sujo, de Astrid Rondero et Fernanda Valadez – Mexique (et coproduction USA, France)
Prix du Public : Memorias de un cuerpo que arde, de Antonella Sudasassi Furniss – Costa Rica (et coproduction espagne)
PRIX CCAS des Electriciens : No nos Moveran, de Pierre Saint-Martin Castellanos – Mexique
PRIX FIPRESCI de la Critique internationale : Memorias de un cuerpo que arde, de Antonella Sudasassi Furniss – Costa Rica (et coproduction espagne)
PRIX SFCC de la Critique française : No nos Moveran, de Pierre Saint-Martin Castellanos – Mexique
PRIX RAIL D’OC des Cheminots : Sujo, de Astrid Rondero et Fernanda Valadez – Mexique (et coproduction USA, France)
PRIX LYCÉEN : No nos Moveran, de Pierre Saint-Martin Castellanos – Mexique
mention spéciale du Prix Lycéen : Retrato de um certo oriente, de Marcelo Gomes – Brésil (et coproduction Liban, Italie)
Grand Prix documentaire : Ramona, de Victoria Linares Villegas
Prix du public documentaire : Reas, de Lola Arias