Cannes 2024 | Horizon, une saga américaine, chapitre 1 : À l’ouest, rien de vraiment nouveau pour Kevin Costner

Cannes 2024 | Horizon, une saga américaine, chapitre 1 : À l’ouest, rien de vraiment nouveau pour Kevin Costner

Sur une période de 15 ans avant et après la Guerre de Sécession. L’expansion vers l’Ouest est semée d’embûches qu’il s’agisse des éléments naturels, des interactions avec les peuples indigènes qui vivaient sur ces terres et de la détermination impitoyable de ceux qui cherchaient à les coloniser…

Premier des quatre chapitres prévus de cette saga américaine, si les financements le permettent, Horizon, une saga américaine – chapitre 1 signe le grand retour de Kevin Costner dans le Grand Ouest du XIXe siècle. Plus de trente ans après le mémorable Danse avec les Loups, l’acteur-producteur-réalisateur semble toujours fasciné par le temps des pionniers, avec ses audaces et sa violence, lors de la conquête du pays.

Horizon serait donc la première étape de son Naissance d’une nation. Avec le regard d’un contemporain. Ici, les peuples autochtones (« Native Americans ») sont bien mieux respectés que dans la mythologie du western hollywoodien. Tout comme l’héroïsme de la cavalerie en prend pour son grade (elle n’arrive pas toujours à temps).

Ainsi de ce prologue où un conquérant cadastre un bout de terre, en ignorant qu’il s’agit d’un lieu sacré pour les autochtones. L’artificialisation des sols peut avoir de lourdes conséquences… Kevin Costner s’attache à équilibrer le temps d’images entre salauds et gentils, victimes et bourreaux, peuples natifs (Apaches, Sioux, etc.) et colonisateurs (qui parlent tous un anglais sans accent). Parfois quelques détails surgissent et rappellent avec justesse l’aventure d’une conquête de l’Ouest qui aura duré un petit siècle. Pas de carte, pas de panneau d’indication, des territoires immenses et inconnus, une vie précaire… Sans oublier le racisme (« No more chinese »).

Vision partielle et parcellaire

Le film début juste avant la Guerre de Sécession. La ruée vers l’Or a déjà commencé, le télégraphe et le Pony express sont déjà mis en place, le chemin de fer transcontinental se construit et l’Etat fédéral accorde un titre de propriété à chaque colon qui a travaillé la terre pendant cinq ans, qu’il soit américain ou non. De tout cela, Kevin Costner n’en fait jamais la moindre mention.

« Les Indiens ne partagent pas leur terrain de chasse. »

Il préfère dessiner le mythe de terres vierges et d’une migration dont on ne connaît aucun motif de colonisation. Cependant, pour tenter de cerner les intentions de chacun et de tracer le plus large spectre possible de cette époque, il multiplie les histoires.

Si bien qu’Horizon, film efficace à grand spectacle, ressemble à un feuilleton opulent, avec sa dose de romance, de drame et d’action (l’humour est assez peu présent). Il faut bien trois heures (qu’on ne voit pas vraiment passer, reconnaissons cette qualité) pour que les destins individuels de chacun puissent exister dans ce récit gigogne. Pas suffisant, cependant, pour donner de la consistance à chacun et permettre aux interprètes de s’imposer.

Tous ces résiliants et ces intrépides, le caractère bien trempé, s’adaptent à des conditions d’une vie qui ne leur fait pas de cadeaux. En face, les autochtones tentent de défendre leurs positions. Passant des grandes prairies, au Wyoming enneigé et au sud désertique, Costner cartographie une histoire à plusieurs facettes, à l’écart de toute civilisation et loin de la Guerre civile.

Rien de subversif ni de transgressif

Grande fresque romanesque, et très académique dans sa forme, Horizon est presque victime de sa belle ambition. Le film écrase toute nuance par son perfectionnisme technique et le classicisme de sa narration. L’émotion est toujours dictée (image, musique, dialogues) pour que le spectateur se sente en zone de confort.

Cependant, le cinéaste a réussi son pari de réaliser un film populaire, à l’ancienne, qui revisite un peu la version cinématographique de cette époque. Dommage qu’il n’ait pas cherché à construire une véritable conclusion à ce soap-opéra, préférant nous laisser suspendu à un épilogue étrange : un teaser grand format des événements à venir.

Cette promesse d’une suite (déjà réalisée) accentue la sérialisation du récit au détriment d’un cadre purement cinématographique. Néanmoins, Kevin Costner, avec cette épopée séduisante et mégalo, ne semble pas vouloir lâcher la bride… De quoi nous intriguer. Mais pour nous emballer, on devra attendre un peu.

Horizon, une saga américaine - chapitre 1
Cannes 2024. Hors compétition.
3h01
Sortie en salles : 3 juillet 2024
Avec Kevin Costner, Sienna Miller, Sam Worthington, Giovanni Ribisi, Jena Malone, Abbey Lee, Michael Rooker, Danny Huston, Luke Wilson
Réalisation : Kevin Costner
Scénario : Jon Baird, Kevin Costner, Mark Kasdan
Musique : John Debney
Distribution : Metropolitan film