Angoulême 2024 : Valérie Donzelli, la reine est déclarée

Angoulême 2024 : Valérie Donzelli, la reine est déclarée

Le prochain film réalisé par Valérie Donzelli est à venir en salles le 18 septembre prochain : le documentaire Rue du Conservatoire à propos d’une nouvelle génération de talents qui prépare un spectacle avec les moyens du bord. Tout lui rappelle sa jeunesse. Valérie Donzelli a été pendant plusieurs années actrice et uniquement actrice, même si, depuis, elle est davantage connue et reconnue comme réalisatrice, scénariste et productrice.

Le Festival Francophone d’Angoulême propose cette année un Focus à Valérie Donzelli avec l’ensemble de ses films (ainsi que sa série télé Nona et ses filles) en tant que cinéaste.

Parmi ses six films de fictions, on note une certaine régularité dans les variations qui jalonnent sa carrière : son deuxième, La guerre est déclarée, fait l’événement à la Semaine de la Critique et devient son plus grand succès en salles (plus de 837 000 spectateurs), en plus de six nominations au César. Le quatrième Marguerite et Julien arrive en compétitionà Cannes. Déroute totale et la banqueroute lors de la sortie en salles avec à peine 26 000 spectateurs. Son sixième opus, L’amour et les forêt, est invité à Cannes Première, applaudi longuement, soutenu par les critiques et trouve son public avec 668 000 spectateurs et quatre nominations au César. Le film récolte le César de la meilleure adaptation pour Valérie Donzelli (avec Audrey Diwan en co-scénariste).

Pour autant ce sont plutôt ses trois autres films qui finalement illustrent davantage la personnalité de Valérie Donzelli : La reine des pommes, Main dans la main et Notre Dame avec dans chacun de ceux-là son goût pour mettre en scène de la fantaisie dans un délicat mélange de surréalisme, d’humour, de chorégraphies aussi, et de romantisme au sens littéraire et historique du terme (clairement sa marque de fabrique).

Valérie Donzelli a raconté son parcours de cinéaste lors d’une masterclasse, avec quantité d’anecdotes ponctuées d’humour.

Elle rappelle par ailleurs, que pour les films où elle est des deux côtés de la caméra, elle écrit ses rôles en pensant à ses enfants (elle est enceinte dans son court-métrage Il fait beau dans la plus belle ville du monde, son bébé est gravement malade dans La guerre est déclarée, son personnage sera de nouveau enceinte dans Notre Dame). L’intime n’est jamais loin. Que ce soit dans l’autofiction, la fiction, l’adaptation ou même l’observation sociétale.

Se mettre en scène : quand je joue dans mes films, je m’amuse beaucoup

« J’ai tenu un journal avec l’idée d’en faire un film un jour. Mon premier court-métrage n’a été pris nulle part, j’étais un peu vexée, à quoi ça sert de faire des films si ce n’est pas vu. Arrive l’impulsion de faire un long-métrage avec une fin que j’avais déjà écrite avant même le scénario, une fin à New-York après une rupture amoureuse, une histoire avec aussi trois hommes Pierre, Paul, Jacques. Et Jérémie Elkaïm a eu l’idée de jouer les trois rôles. J’ai appris à faire du cinéma en faisant des films. Après La reine des pommes, les critiques ont été dithyrambiques mais je n’ai pas vraiment été payée, bref j’étais fauchée. Je suis aller voir d’autres producteurs plus sérieux pour faire un deuxième film.

J’avais un scénario Napoli pour être joué par moi et George Clooney mais évidemment c’était complètement improbable. Le producteur Edouard Weil (Rectangle productions) m’a demandé si j’avais une autre idée. J’avais une autre idée plus personnelle du combat de parents face au cancer de leur enfant, je lui ai pitché ce qui serait La guerre est déclarée et il s’est engagé dessus. C’est un film dédié aux hôpitaux qui ont guéri mon fils (Gabriel Donzelli, devenu depuis comédien, ndlr), pour les remercier de ce qu’ils ont fait pour moi en voulant leur montrer ce que je savais faire. Il y a eu alors Cannes, du succès, et le film comme candidat de la France aux Oscars. Ce qui est difficile c’est que cette histoire c’était mon secret à moi, à Jérémie et à notre fils, notre histoire intime sous une forme de fiction sur une pulsion de vie. »

Mettre en scène : ce que j’aime c’est les films, j’aime les penser, les imaginer, en écrire, produire des premiers films ça me plairait

« Au moment de la sortie en salles de La guerre est déclarée, j’avais déjà écrit assez vite le scénario de La main dans la main. On ne fait pas les mêmes films quand on joue dedans ou quand on fait que de la mise-en-scène. J’avais écrit sur mesure pour Valérie Lemercier. Marguerite et Julien a été détesté, je ne sais pas trop pourquoi, je voulais faire un film d’époque sans époque. J’avais même écrit 14 chansons que j’ai laissé de côté pour pas que ça ne soit mis en comparaison avec Peau d’âne de Jacques Demy. Après les mauvaises critiques au Festival de Cannes, la sortie avait été repoussée à plus tard en décembre. Mais en novembre, il y a eu les attentats, il a fait aussi peu de spectateurs que La reine des pommes. Un gros échec. C’est mon producteur qui m’a un peu poussé à refaire un film proche de moi où je jouerai dedans, c’est devenu Notre Dame, d’ailleurs une histoire à propos d’un échec. Dans le même temps, durant le tournage de Marguerite et Julien, j’ai lu le livre L’amour et les forêt. Déjà, j’avais pensé à en faire un film, mais les droits pour ça n’étaient pas disponibles. Il a fallu attendre. C’est plusieurs années plus tard que ça a été possible de le faire.»