Beetlejuice, Beetlejuice : Tim Burton en quête d’une recette rajeunissante

Beetlejuice, Beetlejuice : Tim Burton en quête d’une recette rajeunissante

Après une terrible tragédie, la famille Deetz revient à Winter River. Toujours hantée par le souvenir de Beetlejuice, Lydia voit sa vie bouleversée lorsque sa fille Astrid, adolescente rebelle, ouvre accidentellement un portail vers l’Au-delà. Alors que le chaos plane sur les deux mondes, ce n’est qu’une question de temps avant que quelqu’un ne prononce le nom de Beetlejuice trois fois et que ce démon farceur ne revienne semer la pagaille…

Vintage? Avec cette suite de Beetlejuice, nous revoici en famille. La même smala excentrique, avec les mêmes acteurs qui reprennent leurs rôles d’il y a 35 ans : la mère (Catherine O’Hara), la fille (Winona Rider), évidemment le zombie déglingué (Michael Keaton dans le rôle de celui dont il ne faut pas répéter trois fois le nom). Tim Burton, retraité depuis l’échec de Dumbo (et fâché avec les studios), semble avoir retrouvé goût au cinéma avec cette histoire tragicomique de fantômes.

Cette fois-ci, nouveaux personnages viennent amuser la galerie : Justin Theroux qui voudrait un mariage, Monica Bellucci en ‘corpse bride‘, Willem Dafoe en policier, et quelques autres. L’histoire ne se situe pas vraiment 35 ans plus tard. Car la vedette de cette suite inattendue et pourtant très attendus n’est autre que Jenna Ortega (exquise et macabre Mercredi), adolescente et fille du personnage de Winona Rider.

La peur des fantômes, et en particulier la terreur du retour de Beetlejuice, est toujours présente chez Winona Rider. Devenue une animatrice de show télé sur une thématique surnaturelle, elle est toujours la seule à savoir qu’il existe un autre monde, où des morts restent en quelque sorte vivants… La célèbre fête d’Halloween approche, avec ses traditions de se déguiser en en morts. Avec sa fantaisie colorée, Burton lorgne plutôt du côté du Dia de Muertos mexicain. Jenna Ortega est une parfaite incarnation contemporaine dans ses univers. Après La Famille Addams pour Netflix, qu’il a produit, il l’enrôle dans ce délire plus personnel (et son premier gros succès au box office). Ici, elle va faire l’expérience d’un piège qui l’amène vers l’autre monde, et c’est toute la famille qui va se basculer dans autre dimension extraordinaire.

Le plus féminin des Tim Burton

L’histoire de Beetlejuice, Beetlejuice démarre avec des éléments très concrets. Les trois générations de femmes de la famille Deetz ont différentes manières de réagir à un deuil (thème déjà abordé dans Big Fish en 2003), tout en ayant un rapport compliqué à leur relative célébrité (la mère Winona Rider animatrice télé, sa grand-mère Catherine O’Hara artiste conceptuelle). Chacune connaît une certaine incommunicabilité avec les autres et cherche à s’en détacher pour donner une nouvel élan à leur vie.

Si l’on sait que leur ancienne maison est hantée on découvrira que ce n’est pas le seul endroit où il y a des fantômes… C’est le début des tracas et la sororité comme la solidarité seront leurs meilleures armes.

Les fans de Tim Burton seront évidement ravis de retrouver son univers fantastique, et pour le coup, particulierement foutraque et surréaliste. à partir du moment où Beetlejuice et le monde de l’au-delà prennent leur place dans l’histoire, chaque séquence est l’occasion d’un gag, dans l’image, dans une réplique, avec une musique ou une danse. On assiste à une extravagance omniprésente, aussi bien de la part des comédiens que des effets visuels, qui provoquent irrésistiblement un émerveillement enfantin.

Ce qui nous ramène à son premier film Pee-Wee Big Adventure qui le fait remarquer en 1985,. Même si c’est avec son deuxième film, Beetlejuice, en 1988 que Tim Burton acquiert une notoriété internationale (le film gagnera même un Oscar des meilleurs maquillages). Ce qui lui ouvrira alors la porte des studios puisque la Warner lui confie le megabudget Batman en 1989. Par la suite, il retrouve Winona Ryder pour son plus beau film, Edward aux mains d’argent en 1990. Et au fil de la décennie, le cinéaste culte s’affirme. Une signature que l’on (re)connaît. Son inspiration connaît des hauts et des bas, et sa créativité s’atténue après 2010. Mais, si Tim Burton avait évoqué un désir d’une possible retraite, le développement et le triomphe de la série Mercredi, qui partagent l’actrice, le décorateur et les scénaristes de Beetlejuice, Beetlejuice, le Prix Lumière et la rencontre avec Monica Bellucci ont ravivé sa libido cinématographique. Pour notre plus grande joie.

Amours de jeunesse

Cette suite (tardive) lui a redonné envie de s’amuser comme à ses 30 ans : il utilise bien entendu les facilités numériques modernes d’aujourd’hui, mais c’est aussi aussi le retour des maquettes réduites, des marionettes en animatronique, des décors improbables, et de l’animation pour quelques scènes.

Il en profite aussi pour écrire quelques blagues contre l’époque moderne et certaines répliques visent même à se moquer un peu de Disney (son ancien employeur pour qui il a réalisé/remaké Alice au pays des merveilles et Dumbo). Deadpool n’est pas le seul à jouer la satire anti-empire. Les influenceurs collés à leurs smartphones en prennent aussi pour leur grade.

Beetlejuice Beetlejuice est dans la continuité directe de l’original, et même certains éléments pourtnt devenus kitsch trouvent encore toute leur place. Tout comme le titre qui est répété deux fois (tellement mieux que la banale formulation Beetlejuice 2), la plupart des ingrédients du premier film sont multipliés aussi deux fois : deux fois plus de personnages, deux fois plus de ‘voyages’ entre les vivants et les morts. Deux fois plus de plaisir coupable.

Beetlejuice Beetlejuice
1h44.
Avec Michael Keaton, Winona Ryder, Jenna Ortega, Catherine O'Hara, Justin Theroux, Monica Bellucci, Willem Dafoe...
Réalisation : Tim Burton
Scénario : Alfred Gough & Miles Millar, Seth Grahame-Smith
Musique : Danny Elfman