Michel Petrossian, compositeur des musiques de En fanfare et de La pie voleuse : « Je suis là pour servir le film. »

Michel Petrossian, compositeur des musiques de En fanfare et de La pie voleuse : « Je suis là pour servir le film. »

Michel Petrossian est un grand compositeur de musique aussi bien pour instruments en solo que pour des petits ensembles oupour des large orchestres, des concerto ou des ballet. Le cinéma a déjà fait appel à lui, et notamment Robert Guédiguian pour les musiques de ses film Gloria Mundi, Et la fête continue!, La pie voleuse présenté en avant-première aux Œillades de Albi (sortie en salles prévue le 29 janvier 2025).

Petrossian aime à préciser : « je ne suis pas un compositeur de musique de film, je suis un compositeur qui parfois écrit de la musique pour des films ». Parfois il est aussi acteur. Dans La pie voleuse, il apparaît dans un petit rôle de prof de piano et dans En Fanfare (dans les salles ce 27 novembre), il a len double rôle du compositeur et du conseiller musical.

Ce 28e édition du Festival du Film Francophone d’Albi a cette année comme fil rouge la thématique « 🎶La Musique au cinéma🎶 ». Michel Petrossian s’est déplacé pour parler de cette activité de compositeur pour le cinéma.

Pour En fanfare, présenté en avant-première à Cannes en mai dernier, il s’agit d’orchestre qui incorpore de nombreux morceaux de musique classique mais aussi plusieurs compositions originales (comme Quadrature I et Quadrature II). Tandis que pour La pie voleuse, c’est un tout autre travail qui repose surtout sur du piano (un clavier de piano a été amené dans la salle pour jouer certaines notes).

Michel Petrossian a accompagné chacune de ces deux séances pour expliquer différents aspects de la musique pour le cinéma.

La musique pour En fanfare, de Emmanuel Courcol

« Le réalisateur et scénariste Emmanuel Courcol est un grand mélomane avec une vraie sensibilité musicale. La plupart des grands orchestres ont un agenda rempli pour deux ans en avance, le temps du cinéma est plus court où on se projette sur les six prochains mois. Donc c’était difficile de trouver un orchestre qui puisse être réservé pour contribuer à la musique du film mais aussi apparaître dans le film. On a travaillé avec un orchestre spécialisé pour le cinéma. Les droits d’un morceau de musique c’est un budget, réinterpréter et enregistrer ces morceaux pour le film c’est un budget, voir des musiciens d’orchestre dans l’image c’est un autre type de contrat et aussi un budget. Pourtant le budget consacré à la musique a été un peu dépassé.»

«Il y a déjà eu de nombreux films avec un personnage jouant un chef d’orchestre. Par exemple, Louis De Funès, mais évidement sans être crédible. Pour En Fanfare l’objectif était que l’acteur donne vraiment l’illusion d’être un vrai chef d’orchestre. Le réalisateur voulait casser ce préjugé que ‘musique classique=musique de vieux’. Le casting qui associe Benjamin Lavernhe – Pierre Lottin -Sarah Suco fonctionne au mieux et c’est idéal. Benjamin Lavernhe est un très gros bosseur, il a dû s’imprégner d’énormément de vidéos et apprendre de manière intensive les gestes de chef avec un coach. Dans certaines scènes où Benjamin Lavernhe dirige un orchestre à l’image, il a pu y avoir derrière lui un vrai chef d’orchestre visible seulement par les musiciens, mais au bout d’un moment les musiciens suivaient vraiment les directions de Lavernhe qui donc était parvenu à faire de nombreux vrais gestes avec précision et le bon tempo. »

La musique pour La pie voleuse, de Robert Guédiguian

« Pour l’idée de base du scénario, Robert Guédiguian a été inspiré par une véritable annecdote arrivée à la mère de Bernard Sasia, le fidèle monteur de ses films. Le titre La pie voleuse désigne le personnage dAriane Ascaride bien sûr, mais c’est aussi une référence à un opéra de Rossini, et d’ailleurs je confesse que ce n’est pas mon opéra préféré. Donc il y a une phrase musicale au piano qui est un clin d’œil direct à ‘La pie voleuse’ de Rossini, et quand on l’entend dans le film, avec à l’image Ariane Ascaride, on ne sait pas encore si elle est une voleuse ou pas. La musique amène aussi des thèmes qui peuvent faire penser à une fable. Ce que raconte Guédiguian est souvent proche d’une fable. Je donne quantités de musiques pour que ça résonne, et au montage final certaines sont retirées ou raccourcies. Je suis là pour servir le film. »