David Lynch (1946-2025) : une sublime œuvre protéiforme

David Lynch (1946-2025) : une sublime œuvre protéiforme

Eraserhead

Après quatres courts et moyens-métrages réalisés dans le cadre universitaire, David Lynch a travaillé sur son premier long-métrage : « Eraserhead ». D’une noirceur sans égale, ce véritable monument maladroit et génial explore les tréfonds troubles de l’âme en usant abondamment de symboles psychanalytiques évidents, reflets prometteurs de l’univers chaotique et passionnément dérangé que le cinéaste va déployer avec force dans ses œuvres futures.

Véritable coup de maître et premier électro-choc pour le public. Les fans de la première heure arborent encore aujourd’hui le célèbre badge distribué pour l’occasion de la sortie du film: « I saw it ».
Terriblement évocateur.

Elephant Man

Premier véritable succès populaire de David Lynch, « Elephant Man » séduit les foules par sa simplicité formelle, son noir et blanc sublime, et l’histoire touchante développée autour de ce « monstre de foire » qui souffre de sa condition inhumaine. Bref, la monstruosité se trouve dans le regard de l’autre et Lynch construit un manifeste intelligent sur la cruauté, la pitié et le voyeurisme cousu dans le tissu sensible d’une aude à la tolérance.

Si « Elephant Man » s’est révélé jusqu’à « Une histoire vraie » le moins lynchien des films du cinéaste, il révèle néanmoins un talent extraordinaire pour la mise en scène dramatique, la construction, et la direction d’acteurs (John Hurt et Anthony Hopkins sont à couper le souffle).

Film à part dans la carrière de Lynch, « Elephant Man », produit par Mel Brooks!, lui permet de poser ses galons de réalisateur, de rassurer les producteurs et la majeure partie du public effrayés par l’hermétisme de son premier film. « Elephant Man » décroche par ailleurs huit nominations aux oscars et un prix à Avoriaz.

Dune

Poussé par les ailes de la réussite après le succès d’« Elephant Man », David Lynch veut concrétiser un projet qu’il prépare depuis dix ans, mais dont l’ambition va vite le dépasser. C’est ce qui explique l’échec commercial du film et la difficulté avec laquelle il faut compter pour aborder « Dune ».

Malgré l’ampleur du projet, on aurait pu attendre mieux de Lynch qui s’est pris les pieds dans sa propre démesure. Erreur de jeunesse qu’il tente manifestement d’oublier aujourd’hui puisqu’il a fait retirer son nom du générique de « Dune » lors des diffusions télévisées sur les chaînes américaines. Ce qui ne risque pas d’arriver à Denis Villeneuve qui aura réussi là où Lynch a échoué avec une adaptation spectaculaire.

Au moins, et c’est l’important, il rencontre son acteur fétiche pour la suite : Kyle MacLachlan.

Blue Velvet

L’échec cuisant de « Dune » en mémoire, Lynch procède à un retour aux sources complet en concoctant l’alchimie parfaite de ses trois expériences précédentes : L’underground, le succès populaire, et l’entreprise hollywoodienne.

Amoureux du film noir classique, Lynch va imprégner « Blue Velvet » d’une atmosphère bleutée et sirupeuse quasi hors du temps, alliée au nouveau thème fort du réalisateur : la face cachée de la normalité.

Premier véritable classique du réalisateur américain et première collaboration réussie avec son compositeur fétiche, Angelo Badalamenti.

Sailor et Lula (Wild at Heart). Palme d’or à Cannes.

Pour contrecarrer l’univers figé puisque cyclique de « Blue Velvet », Lynch s’impose comme toile de fond pour son nouveau long-métrage le road-movie à l’américaine. Le décor est planté : routes cahoteuses de l’ouest, décapotable et rencontres étranges dans de chouettes contrées isolées. Pimenté par un rythme effréné, « Sailor et Lula » cumule les personnages décalés et la perversité camouflée désormais inséparables de la thématique Lynchienne, pour les noyer dans une intrigue policière saccadée, épique, et incroyablement romantique.

« Sailor et Lula » déploie également un panel impressionnant de références à des genres cinématographiques particuliers et diamétralement opposés (on passe du film de gangster « Scorcesien » au « Magicien d’Oz »). Lynch sait enrichir comme personne son film d’une intensité dramatique visuelle extrême, fascinante et bouleversante.

C’est le film le plus spectaculaire de Lynch, le plus baroque, et le plus foudroyant.

Twin Peaks (Fire walk with me)

Complément ésotérique et remaniement habile de sa propre série télévisée, « Fire Walk With Me » est souvent assimilé au chef-d’œuvre d’envergure de David Lynch.

Mêlant un délire visuel de la plus grande beauté à la musique désormais habituelle, mais toujours superbe et renouvelée de Badalamenti, avec un lot d’émotions puissantes qui oscillent entre la peur (l’effroi pur et tranchant), le rire franc et jouissif, les larmes nombreuses, et la réflexion, « Fire Walk With Me » est une œuvre aussi facile d’accès que monstrueusement complexe et tortueuse. Lynch vient de créer un univers à part, un monde parallèle, une brèche praticable mais aux multiples pièges qui dévorent le spectateur imprudent.

Une expérience, proche de l’hypnose. Personne n’en ressort indemme, une fois encore.

Lost Highway

« Lost Highway » est un film piège, et ce pour la raison à priori simple que la globalité du film et les idées qu’il évoque possèdent un arrière goût de déjà vu dans les œuvres postérieures de Lynch. Le réalisateur répartit généreusement sa panoplie d’effets, de tics, qui permettent au spectateur de reconnaître dès les premières images la facture Lynchienne.

Pour exemple, il suffit de décortiquer la mécanique bien huilée des plans saccadés de Lynch, plans brusquement plongés dans l’obscurité, puis de nouveau baignants dans la lumière crue et blessante et/ou teintée, saturée, plans agités de soubresauts sonores qui soulignent les couleurs dominantes comme les couleurs soulignent les sons. 

La force du travail visuel de Lynch tient davantage à décrypter les émotions, la psychologie des personnages, ou la situation dramatique par un jeu de symboles, un langage spécifique composés d’une palette de couleurs, de sons, etc.

Un very Best of de Lynch, sans l’électrochoc attendu. Il parvient malgré tout à susciter des questions sans fin chez le spectateur, qui, cherchant en vain à comprendre le « sens », est poussé à adopter une attitude active en salle, au demeurant bien plus intéressante que le positionnement passif provoqué par la majorité des autres films.

Une histoire vraie (The Straight Story)

Affecté par les (quelques) critiques venues entâcher « Lost Highway », Lynch se laisse séduire par l’adaptation d’un scénario écrit par sa femme (tiré d’une histoire vraie, justement) et nous fait succomber d’émoi devant ce conte simple, pur et enthousiasmant.

Hommage vibrant à l’Amérique de Norman Rockwell, tendre et lumineuse, « The Straight Story » rayonne par son approche tellement aux antipodes des précédents films de Lynch, et pourtant d’une qualité rare. 

Lynch parvient à éviter les « accessoires » grossiers du mélodrame classique pour nous offrir un hymne à l’espoir et à la beauté. Un véritable moment de grâce, rien à ajouter.

Mulholland Drive. Prix de la mise en scène à Cannes.

Mulholland Drive prolonge davantage Twin Peaks et Lost Highway dans ses thèmes, sa forme et son hallucination lancinante que le précédent opus de Lynch, Une Histoire vraie.

Chacun de ses plans, chacune de ses séquences n’existent que pour le bonheur d’avoir été réalisées. Le cinéaste crée un vrai désir de cinéma en les filmant. Lynch détourne à loisir les conventions attendues ; avec une distorsion flagrante du temps, il nous envoie d’un univers inquiétant où les menaces sont planantes à une atmosphère irréelle où nos esprits sont dérangés par tant d’irrationalité. 

Là encore, le film est interactif : vous êtes obligés d’en parler après et de reconstituer le puzzle vous-même. Cette reconnaissance de l’intelligence de son public est aussi une preuve de la maîtrise de son art par le cinéaste. Entre le temps rêvé et le temps réel, il y a une boîte de Pandore qui absorbe la mémoire et la conscience, qui échange les vies. Un McGuffin inventé pour faire passer son spectateur de l’état d’hypnose béate et ravie à celui d’un cerveau perplexe et mis à contribution. Tout cela n’est que magie et sensations. Il n’y a rien de vrai dans cette histoire. Juste des âmes perdues sur une route sans fin.

Inland Empire

Lynch ne se renouvelle pas, en tout cas qu’il a trouvé les éléments idéals et définitifs pour pousser ses hypothèses sensorielles au plus près de leurs limites, bien au-delà des portes qu’il se gardait de franchir en laissant planer le mystère. Préservant ses thématiques, c’est son cinéma qu’il remet en question, ne trahissant pas sa réputation d’homme d’image en perpétuel apprentissage. Libéré des chaînes de la Panavision, de l’Eastman Kodak et des plateaux encombrés, le cinéaste s’adonne aux joies du bricolage numérique de pointe sans perte de qualité photographique majeure.

Il demeure néanmoins qu’avec Inland Empire, David Lynch, ivre d’innovation, peut se féliciter, à un âge où certains prennent leur retraite, de revendiquer encore, face à l’industrie cinématographique, son statut de créatif, libre et indépendant.

The Air is on Fire – exposition à la Fondation Cartier (2007)

Les fans, qu’il aient été déçus ou au contraire ravis par Inland Empire, attendaient ça de pied ferme : une exposition entièrement consacrée à un David Lynch peu connu, le plasticien qui se cache derrière le réalisateur de renom. Depuis son passage à l’académie des beaux-arts de Philadelphie, David Lynch n’a en effet jamais cessé de peindre, prendre des photos, dessiner ou même griffonner sur de simples morceaux de papier. Au travers de centaines de création (tableaux grand format, photographies noir et blanc et couleurs, croquis, petites peintures, dessins, films expérimentaux…) datant des années 60 à nos jours, les visiteurs sont invités à pénétrer dans l’univers personnel et intime du réalisateur et, qui sait, y trouver de nouvelles clefs.

En homme qui n’aime pas expliquer sa démarche artistique, David Lynch s’est révélé heureux de laisser son oeuvre s’exprimer à sa place. Il aime jouer avec ceux qui regardent ces oeuvres, leur montrer des pistes qui se dérobent ausitôt sous leurs pieds ou leur indiquent le chemin, c’est selon. Il s’amuse de cela bien plus que de chercher un sens aux choses. « L’être humain aime le monde de l’abstraction bien plus qu’il ne le pense« , lance-t-il, espiègle. « Certaines personnes aiment être perdues un moment dans l’abstraction, d’autres se sentent frustrées. Chaque film, chaque tableau a son public. Aucun ne peut plaire à tout le monde.« . L’artiste se fait complice de ceux qui sont joueurs et, il faut bien l’avouer, se moque un peu des autres…

Quand il se livre, c’est de manière globale, entière, comme un tout que chacun n’a qu’à appréhender à sa guise. Exactement à l’image de ses films.

Crazy Clown Time (2011)

Crazy Clown Time est son premier album studio, « une collection de chansons sombres » dans le style du blues moderne » comme il l’a définit. Les chansons évoquent, entre autres, la conscience cosmique comme la carie dentaire, avec parfois des paroles centrées faisant référence à la méditation transcendantale, technique que Lynch utilise et dont il a été un grand un défenseur.

Courts métrages, un univers en miniature

Avant d’être mondialement reconnu pour ses longs-métrages énigmatiques, David Lynch a perfectionné son art à travers des courts-métrages singuliers. Ces œuvres condensées reflètent déjà son univers unique, mêlant l’étrange, le surréaliste et une fascination pour l’inconscient.

Son premier court, Six Men Getting Sick (1966), réalisé pendant ses études, est une expérimentation visuelle où peinture et animation fusionnent. Ce projet marque le début de son exploration des limites de la narration classique. D’autres courts comme The Alphabet (1968) et The Grandmother (1970) approfondissent cette recherche, mêlant cauchemar, symbolisme et une esthétique oppressante.

Avec The Cowboy and the Frenchman (1988), Lynch explore une veine plus barrée, tandis que Premonitions Following an Evil Deed (1995), créé pour le projet Lumière et compagnie, capture en 52 secondes l’essence de son univers : inquiétude, étrangeté et maîtrise du cadre. Out Yonder (2007) prolonge ce goût vers l’expérimental avec deux personnages énigmatiques qui échangent des dialogues absurdes dans un décor minimaliste.

What Did Jack Do?, réalisé pour son expo à la Fondation Cartier, est tout aussi décalé avec un interrogatoire surréaliste où un détective, incarné par Lynch lui-même, interroge un singe parlant suspecté de meurtre, dans une ambiance énigmatique et surréaliste.

Autre court marquant, dans la même veine, Absurda (pour un segment de Chacun son cinéma, 2007), qui plonge le spectateur dans un cauchemar surréaliste mêlant distorsions temporelles, violence latente et une esthétique troublante, brouillant les frontières entre rêve et réalité.

Ses courts-métrages, bien que moins connus que ses films cultes, sont des joyaux expérimentaux, des instantanés de son génie créatif. Ils révèlent un artiste toujours en quête de nouvelles façons de raconter l’indicible.

Publicités

Lynch a collaboré avec des marques prestigieuses comme Calvin Klein, Giorgio Armani, PlayStation, ou encore Opel. Parmi ses créations les plus mémorables, on trouve sa publicité pour le parfum Obsession de Calvin Klein, empreinte de mystère et d’élégance, ainsi que celles pour PlayStation 2, qui jouent sur une atmosphère étrange et surréaliste. Ces projets lui ont permis d’expérimenter son esthétique unique dans un format court, tout en atteignant un large public. Mais sa plus belle réalisation commerciale est incontestablement Lady Blue Shanghai.

Réalisé par David Lynch en 2010 pour Dior, mêlant là encore surréalisme, mystère et mélancolie, ce court métrage publicitaire met en scène Marion Cotillard dans une intrigue onirique autour d’un sac Dior trouvé dans une chambre d’hôtel à Shanghai. Fidèle à son style, Lynch brouille les frontières entre réalité et rêve, transformant cette commande en une expérience cinématographique captivante, où le sac devient le point de départ d’une exploration émotionnelle et visuelle.

Clips vidéo

Musicien, cinéaste, il a film les clips Wicked Game (1989) de Chris Isaak et surtout Shot in the Back of the Head (2009) de Moby. Un clip entièrement réalisé par Lynch, utilisant des dessins minimalistes et énigmatiques, en parfaite résonance avec l’ambiance mélancolique de la musique. Il a également filmé Came Back Haunted (2013) de Nine Inch Nails.

Séries TV

On the Air. Une sitcom absurde co-créée avec Mark Frost, centrée sur les coulisses chaotiques d’une émission télévisée des années 1950. Annulée après seulement trois épisodes diffusés.

Hotel Room. Une mini-série d’anthologie pour HBO, où chaque épisode raconte une histoire différente se déroulant dans la même chambre d’hôtel. Lynch a réalisé deux des trois épisodes.

Rabbits. Une série expérimentale diffusée en ligne, mettant en scène des personnages anthropomorphiques déguisés en lapins. Les dialogues cryptiques et l’atmosphère oppressante troublent encore davantage.

Dumbland. Une série animée dessinée et réalisée par le maître, au style volontairement grossier et une fois de plus minimaliste. Elle explore un humour noir et absurde, souvent cru et provocateur. Huit épisodes très courts (de 3 à 5 minutes) principalement découverts par le public grâce à une sortie en DVD en 2005.

Twin Peaks

En 1990, Twin Peaks, créée par David Lynch et Mark Frost, révolutionne la télévision en brisant les conventions du feuilleton classique. Présentée initialement comme une enquête policière autour du meurtre de Laura Palmer, une lycéenne d’apparence parfaite, la série se transforme rapidement en une plongée vertigineuse dans les méandres du rêve, du cauchemar et des secrets enfouis d’une petite ville fictive.

Dès ses premiers épisodes, Twin Peaks déconstruit le genre du soap opera, auquel elle emprunte des intrigues sentimentales et des personnages archétypaux, pour mieux les subvertir. L’enquête menée par l’agent du FBI Dale Cooper (Kyle MacLachlan), un mélange de rigueur méthodique et d’intuition mystique, convoque également les codes du polar, du fantastique et du surréalisme. Ce mélange hétérogène est la clé de l’identité de la série : une œuvre qui flirte constamment avec la frontière entre réel et imaginaire.

Twin Peaks est un laboratoire esthétique pour Lynch. La mise en scène, héritée de son travail cinématographique, joue sur la tension entre la banalité du quotidien et l’inquiétante étrangeté qui s’y insinue. La photographie oscille entre une lumière douce et des ombres menaçantes, tandis que les mouvements de caméra, souvent lents et contemplatifs, amplifient une sensation de malaise. L’utilisation récurrente de motifs oniriques, comme la Loge Noire et ses rideaux rouges, ancre la série dans une dimension métaphysique, transformant les lieux en personnages à part entière.

La bande originale, composée par Angelo Badalamenti, est indissociable de l’identité de la série. Les thèmes musicaux, empreints de mélancolie et de mystère, agissent comme des leitmotivs, guidant les émotions du spectateur tout en suggérant des significations sous-jacentes. Le thème principal, hypnotique, reflète à la fois la beauté tragique de Laura Palmer et les secrets obscurs qui gangrènent Twin Peaks.

L’approche narrative de Twin Peaks était révolutionnaire pour la télévision des années 1990. Les arcs narratifs complexes, les sous-intrigues entremêlées et les personnages ambigus marquent une rupture avec les formats linéaires de l’époque. L’ouverture aux interprétations multiples, renforcée par l’irruption du surnaturel, prépare le terrain pour des séries ambitieuses comme The Sopranos, Lost ou The Leftovers. Avant-gardiste et intemporelle.

Et puis surprise, en 2017, Lynch revient avec Twin Peaks: The Return. Il revisite son œuvre comme une réinvention radicale. Ce nouvel opus, qui sera finalement aussi son ultime œuvre, défie les attentes des spectateurs, pousse encore plus loin l’expérimentation narrative et esthétique. L’épisode 8, en particulier, est une véritable odyssée audiovisuelle qui repousse les limites du médium télévisuel.

Twin Peaks n’est pas seulement une série : c’est une expérience sensorielle et intellectuelle qui invite le spectateur à contempler l’inconnu. Plus de 30 ans après sa création, elle demeure une œuvre fondatrice, prouvant que la télévision peut atteindre des sommets artistiques comparables au cinéma.

Silencio!

David Lynch est John Ford pour Steven Spielberg

« Sammy (Gabriel LaBelle, merveilleux pinocchio du cinéaste) croise John Ford (David Lynch, caméo aussi culte qu’exquis) qui lui apprend à faire un plan en regardant deux tableaux (moches). « Quand l’horizon est au milieu, c’est chiant comme la pluie« . Ainsi nous décrivions l’apparition requiem du cinéaste légendaire David Lynch dans The Fabelmans, autofiction et déclaration d’amour au cinéma signée Steven Spielberg.

Finalement, c’est en incarnant un des plus grands cinéastes du XXe siècle, sous l’œil d’un des plus grands cinéastes contemporains, que l’un des plus grands maîtres du 7e art nous a fait son ultime pirouette, décalée et absurde, mystérieuse et délicieuse.

Quelques minutes avant de se fondre dans le cosmos.

« Au bout du compte, toute existence est une énigme, jusqu’à ce que nous trouvions la clé » avait-il dit. Mais quelle clé? La clé bleue de Mullholand Drive, qui ouvre cette boîte vers une transition entre les mondes onirique et réaliste? Ou la clé de Twin Peaks, utilisée pour symboliser l’entrée dans des dimensions cachées? « Plus le mystère est inconnaissable, plus il est beau«  rappelait-il en guise d’indice pour analyser son œuvre qu’il refusait d’expliquer.

We’ll see you again in 25 years…