
Édition après édition, le Festival de Cannes fait rêver et attire en masse les cinéphiles du monde entier. La 78e édition a ainsi connu une hausse de 4% de sa fréquentation, avec pas moins de 39 772 accrédités et 15 000 professionnels au Marché du film. Outre les films, la fameuse Palme d’or et les autres récompenses, la réputation de Cannes tient aussi à l’envergure de ses fêtes. Cette année, comme à l’accoutumée, nous n’avons refusé (presque) aucune invitation pour vous dresser un petit panorama de ce qui s’est fait de mieux sur la Croisette (ou ailleurs) en termes d’événements festifs. La preuve avec ce classement !
Les absents
Le Rideau – Près de la Croisette, le Rideau a rouvert ses portes pour une seconde série de fêtes endiablées. Mais en dépit des stars que l’on y a vu (Charli XCX, Alexander Skarsgard, Julie Gayet, Vincent Lacoste ou encore Julien Granel), rien n’y avait vraiment changé cette année. Et sûrement pas la politique « No photo / no video » qui en a fait un lieu incontournable l’an dernier. Ils ont des choses à cacher?
Le Silencio – Se lasserait-on lassé du décor inutilement guindé du club phare de Cannes ? C’est la question que nos confrères se sont aussi posés au moment de clôturer cette 78e édition. Alcool cher, vigiles parfois malotrus et public composé de « filles de » et « fils de » – quand ce n’était pas carrément les parents – ont rendu notre passage là-bas particulièrement désagréable. Ringard tout simplement. Enough is enough?
Bonus : Le Repas des Belges (Salsamenteria di Parma)

A Cannes, certains moments sont des parenthèses suspendues dans le temps, des instants de bonheur complètement imprévus. Tel était le cas le 19 mai dernier de ce que nous appellerons simplement le « Repas des Belges » survenu dans la foulée du cocktail WBI (à lire ci-dessous). Uniquement composé de journalistes, programmateurs, distributeurs et financiers venus du plat pays voisin, ce repas s’est rapidement transformé en session jam dans le deuxième meilleur restaurant italien de la ville. (Nous garderons secrète l’identité du premier afin qu’il continue d’être notre cantine favorite l’année prochaine.) Outre le personnel rigoureux et sympathique et leur focaccia à se damner, on a adoré la décoration du lieu – rustique et joyeusement fantasque – jusque dans ses toilettes où la musique relativement forte permettait de créer une atmosphère de contre-soirée complètement imparable.
10. Cocktail Drunken Noodles (Villa des Ministres)

Cachée sur les hauteurs de Cannes, la Villa des Ministres a fait parler d’elle, accueillant jusqu’à deux soirées en même temps. Comme lors du cocktail du film Drunken Noodles de Lucio Castro, présenté à l’ACID et dont la sensualité s’est imprégnée sur nos rétines. A quelques pas d’un cocktail de l’Institut français de Roumanie et avec des convives consentants à se mélanger, nous avons eu quelques-unes des meilleures conversations sur le cinéma européen actuel, le tout agrémenté de très bons cocktails à base de Citadelle Gin !
9. Soirée de Clôture de la Semaine de la Critique (Croisette Beach)

Un peu plus et c’était le carton rouge ! Car après nous avoir offert les meilleures fêtes de clôture de Cannes, la Semaine de la Critique s’est plantée cette année. Sur la Croisette Beach, les deux cocktails incontournables que sont le Mistral Gin Rose Fizz et le Mistral Gin Riviera Tonic étaient pourtant faits pour nous emporter.
La house de DJ Aurore et l’amour du folklore de Maybe Alan aurait pu faire de cette soirée un grand événement mais le volume sonore excessivement élevé et la petitesse de la plage ont failli rendre le lieu inhospitalier. De peu, on en aurait presque oublié que l’on était là pour célébrer Planètes (Dandelion’s Odyssey) de Momoko Seto.
Entassés, les heureux élus ne pouvaient faire que de l’entre-soi. La jauge trop petite empêchait un minimum d’ouverture et de nombreux habitués, découragés par la file d’attente, quand ils n’étaient pas refoulés, ont préféré aller ailleurs boire ou danser. À quand le retour dans une belle villa?
8. Vertigo Motel Club (Skyfall)

La hype serait-elle passée ? C’est la question que l’on se pose après deux soirées ouvertes au public au Vertigo Motel Club. Incontournable pour les connaisseurs l’an dernier, le club (qui prend place au Skyfall connu des Cannois) s’est mué en lieu de sortie préféré des jeunes festivaliers ce mois-ci. Une démocratisation si plaisante à voir mais qui s’est accompagnée de quelque mauvaises surprises : des boissons trop chères pour ce public (18€ le cocktail, 6 € le verre d’eau pétillante !) et des performances drag beaucoup moins fréquentes qu’au Vertigo de la Rue Rouguière.
C’est dommage, c’est ce qui en avait fait sa notoriété, tout comme sa playlist chantée à tue-tête par toutes les cagoles du monde du cinéma, qui ont fait son succès, de Nice à Paris, de New York à Los Angeles. Des queers qui ne chantent plus? La faute à des musiques presque sans aucune parole. Oubliez les tubes pop : on avait l’impression d’être dans une rave party branchée sous le périph’. Trop électro, trop dark, pas assez fun. Et finalement moins queer. On retiendra le plaisir de retrouver des copains après les soirées sur les plages et des serveurs et des programmateurs d’une tendresse profonde. Ce qui est un réel avantage comparé aux autres lieux nocturnes cannois.
7. Cocktail Art Explora (sur le bateau-musée Art Explorer)

Sur l’Art Explorer, le plus grand catamaran du monde à ce jour, la Fondation Art Explora nous a donné un petit aperçu de ses ambitions – et de son CinéMo – sur la jetée Albert Édouard. 47m de long, 18m de large, un mât de 55m et un espace événementiel de 400m2 – utilisés en journée pour des rendez-vous de créateurs d’œuvres -, tout ça pour un tout petit cercle de privilégiés.
Que demander de plus ? Eh bien des retrouvailles avec des copains du milieu, d’excellents Hugo Spritz (rappel de la recette : Saint-Germain, Perrier et Prosecco) et un coucher de soleil en prime dos au Palais des Festivals !
`
6. Queer Market (Rooftop Plein Soleil)

Notre première incursion au Queer Market organisé par la Queer Palm s’est soldé par un souffle coupé. En effet, la vue depuis la terrasse valait bien la peine de monter les 7 étages et demi (la file devant l’unique ascenseur étant trop longue !).
100 professionnels réunis pour parler de cinéma LGBTQ et rencontrer les lauréats du fameux Queer Palm Lab, une vue à 180°, des verres de vin blanc en main et c’était parti pour la session de networking la plus queer et improbable de cette édition. Preuve s’il en fallait une que c’est à Cannes que bon nombre de destins sont chamboulés. Même en pleine journée.
5. Open Java de Malavida (plage du Midi)

Pour fêter la ressortie et la sélection à Cannes Classics de Being Bo Widerberg de Jon Asp et Mattias Nohrborg et de Palombella Rossa de Nanni Moretti, l’équipe de Malavida nous a conviés à une beach party loin des privatisations sponsorisées. Sur la plage du Midi, des Spritz faits maison, de la pastèque et l’idée d’un bain de minuit ont fait de cette soirée l’un des événements les plus cool de la Croisette.
La bonne humeur de tous les convives et la possibilité de se repoudrer le nez nous aura complètement fait oublier que le ciel n’était pas complètement de notre côté. Car une fois de plus, l’aspect zéro chichi, zéro bla-bla fait des fêtes de Malavida des événements inclassables !
4. Cocktail WBI (Wallonie-Bruxelles Images)

Comme du côté du « Repas des Belges » (à lire plus haut), nos voisins ont encore prouvé cette année qu’ils avaient la tête à la fête. La preuve avec cette nouvelle édition du cocktail de Wallonie Bruxelles Images, à nouveau sur la plage du Majestic. Vins La Coste, champagne et bière étaient de rigueur pour fêter les succès des films Jeunes mères de Jean-Pierre et Luc Dardenne (Prix du scénario), La Danse des Renards de Valery Conroy (auréolé de trois prix), Kika d’Alexe Poukine et L’Intérêt d’Adam de Laura Wandel. C’est face à la mer, sur la plage et entouré de gens charmants que nous avons profité d’un coucher de soleil splendide. De quoi donner la frite. Vivement l’année prochaine !
3. Soirée de clôture de la Queer Palm (Rooftop Plein Soleil)

Dernière grande fête du Festival avant l’annonce de la Palme d’or, la Soirée de clôture de la Queer Palm est un événement très attendu chaque année. Après le rooftop du 3.14, le Silencio et la plage Magnum, cette cérémonie débarquait cette année sur le rooftop Plein Soleil, avec une jauge réduite (la faute aux sponsors américains qui se sont désengagés de tout mécénat destiné aux événements inclusifs).
La chaleur diurne du Queer Market a laissé place à une brise toute bienvenue pour cette soirée placée sous le signe des retrouvailles et de l’union. Discours précis et concis pour Franck Finance-Madureira, le cofondateur de la Queer Palm, dont l’hommage à l’actrice Emilie Dequenne nous a mis la larme à l’œil. Si la Queer Palm du court métrage, décernée par les lauréats que Queer Palm Lab a été remise à Bleat! d’Ananth Subramaniam c’est La Petite Dernière de Hafsia Herzi qui est reparti avec celle du long métrage ! L’actrice récemment césarisée est venue en personne, avec ses actrices, pour recevoir son prix. Le film succède à Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde du roumain Emanuel Parvu, L’Innocence du japonais Hirokazu Kore-eda et Joyland du pakistanais Saim Sadeq. Une soirée de double sacre que la DJ Barbara Butch a mis en orbite grâce à un set redoutable d’efficacité où tous les alliés se retrouvaient épuisés à la veille du départ.
2. Soirée de La Petite Dernière (plage Magnum Cannes)

Le feu ! Voilà comment résumer simplement la soirée dédiée au film La Petite Dernière de Hafsia Herzi. Sur une plage Magnum bien moins bondée que la veille pour les sets de Lucky Love et Charli XCX, nous avons refait le monde 15 fois, entouré des meilleurs « invisibles » du Festival : les coiffeurs, stylistes et maquilleurs phares de l’événement, étrangement tous réunis là ce soir-là.
Trois bars distincts, la traditionnelle fabrique à glace de Magnum et des tubes de DJ Snake, Sean Paul et M.I.A. ont fait de cet fête LE lieu où il fallait être dans la nuit du 16 au 17 mai.
Aucun doute : Magnum is the new place to be avant 2 heures du matin.
1. Soirée de clôture de la Quinzaine des Cinéastes (C Beach)

Un coup de cœur total ! Pour célébrer Sorry, Baby d’Eva Victor, la Quinzaine a fait les choses en grand. Le stand de la Distillerie Combier était immanquable et ses cocktails nous ont mis K.O. de bonheur. A l’image du Bohemian mule (à base d’absinthe L’Entêté et de Ginger beer Fever tree) et l’Amoka martini (avec de l’Amboka Coffee Spirit, du café et un peu de sirop La Folie Sucre de canne blanc) ! Gueule de bois assurée.
Plage immense où l’on peut éviter les regards indiscrets, chouette odeur de chanvre récréatif, musique au volume idéal et nous voilà partis pour savourer LA soirée immanquable de cette édition. Le DJ ADN nous en a d’ailleurs donné pour notre énergie, enchaînant les tubes jusqu’à 2h du matin. Se sont ainsi suivis dans les enceintes Charli XCX, Beyoncé, Michael Jackson, Cardi B, Madonna, Bad Bunny, Kiddy Smile, Rihanna, Nicki Minaj, Jennifer Lopez, Lady Gaga, Maureen, pour finir par Jul et Starmania. Ambiance garantie. Qui a dit qu’une bonne setlist n’était pas la clé d’une fête réussie ? Certainement pas nous !