Pour sa 17e édition, Mon Premier Festival, l’événement de la ville de Paris à destination du jeune public qui se tient jusqu’au 29 octobre, propose un programme plus riche que jamais, mêlant avant-premières et grands classiques, et proposant notamment une thématique autour de la nature, un focus sur le cinéma iranien et un coup de projecteur sur l’invité d’honneur, le réalisateur Rémi Chayé.
Les conseils de la marraine Ariane Ascaride
Comme chaque année, une personnalité du monde du cinéma se fait la porte-parole de la manifestation, et c’est la comédienne Ariane Ascaride qui a accepté d’être la marraine de cette édition (voir notre interview). Elle a notamment choisi trois films qui seront montrés aux jeunes spectateurs, et qu’elle a accepté de commenter pour nous.
La Gloire de mon père d’Yves Robert : « Lorsque je propose La Gloire de mon père, ce n’est pas tellement pour Pagnol, mais pour Yves Robert, un réalisateur dont on parle beaucoup moins aujourd’hui et qui a fait quand même pas mal de films exceptionnels, dont Une guerre de boutons qui est formidable. Si ça peut donner envie aux enfants d’aller voir ce film, alors c’est gagné ! »
Les 400 coups de François Truffaut : « Les 400 coups, c’est Paris, c’est Jean-Pierre Léaud, et bien sûr : c’est Truffaut ! C’est comme si je leur disais : « venez donc voir un Molière ».
Mon Voisin Totoro de Hayao Miyazaki : « Ca fait 25 ans que l’animation a fait un bond fabuleux et je pense que Miyazaki a participé très fort à rendre le cinéma d’animation abordable. C’est un cinéma qui transporte beaucoup de magie, et la magie fait partie de l’enfance. Et c’est bien sûr un maître pour les réalisatrices et réalisateurs d’animation aujourd’hui. »
La Croisade s’amuse
En ouverture du festival, et avant une semaine de projections, rencontres, ateliers et autres moments de convivilaité autour du cinéma, les jeunes spectateurs ont pu découvrir l’avant-première de La Croisade de Louis Garrel, qui avait eu les honneurs de la section « Le cinéma pour le climat » du dernier Festival de Cannes.
Le réalisateur s’y met en scène aux côtés de Laetitia Casta, en couple largué qui tombe des nues lorsqu’il découvre que leur fils Joseph a vendu une partie de leurs objets de valeur (bijoux, livres anciens, vêtements de luxe…) pour financier un projet mondial destiné à sauver la planète. Si le sujet est particulièrement sérieux, proposant une sorte d’état des lieux sans concession d’une situation environnementale catastrophique, le film n’a de cesse de l’entraîner sur le terrain de la comédie, voire de la farce, en adoptant un ton volontairement outré et anti-naturaliste.
La séquence d’ouverture, durant laquelle les parents découvrent la disparition de leurs biens, est ainsi interminable, jouant sur une accumulation pas très fine d’objets symboliques dont ils doivent apprendre à faire le deuil. Le film esquisse ici une opposition irréconciliable entre un matérialisme presque érigé en religion, apanage de cette génération aisée et installée dans la vie, et la démarche iconoclaste des ados pour lesquels au contraire, rien n’a de valeur en soi, même pas sentimentale. Mais au-delà du ressort comique, Louis Garrel ne fait rien de ce constat, mettant dans le même sac la robe Dior qu’on ne porte jamais mais qu’on garde par habitude et les livres anciens souvenirs du grand-père décédé.
Le reste du film est à l’image de ce début mi-figue, mi-raisin. On a de la sympathie et même de l’admiration pour la détermination et l’énergie de Joseph et de ses amis, qui agissent concrètement là où des générations avant eux ont attendu passivement que les choses changent d’elles-mêmes, mais beaucoup moins pour leurs personnages, qui font l’effet de mini-ayatollahs tyranniques et dépourvus d’empathie. Le récit oscille ainsi entre la très bonne idée d’une action collective réussie, menée conjointement par les enfants du monde entier, et une succession de gags plus ou moins subtils venant souligner en permanence la nullité des adultes, et leur incapacité à prendre conscience de la gravité de la situation.
A ce titre, le film pourrait être un électrochoc, miroir grossissant de nos lâchetés. Toutefois, comme s’il n’avait pas le courage d’aller au bout de son auto-critique, il délaisse peu à peu l’urgence de l’action pour s’embourber dans des considérations sentimentales hyper convenues, laissant entendre qu’au fond, l’amour supplante tout. Pas sûre que cela suffise à endiguer l’extinction des espèces, cela dit.
Mais puisque le film est présenté dans le cadre d’un festival pour enfants, nous avons demandé à notre apprenti-critique Raphaël ce qu’il en a pensé. Il vous livre ci-dessous son avis, en attendant la sortie du film le 22 décembre, et la prochaine séance dans le cadre de Mon Premier Festival le 24 octobre !
L'avis de Raphaël, 9 ans, sur La Croisade J'ai trouvé cette histoire un petit peu sérieuse, mais très moqueuse envers les personnages que jouent Louis Garrel et Laetitia Casta (les parents de Joseph). J'ai bien aimé quand les parents se rendent compte que quelqu'un leur a volé quelque chose : par exemple lorsque le personnage du père de Joseph se rend compte qu'il lui a volé ses montres ! La conclusion du film, c'est qu'il faut prendre garde aux signaux du réchauffement climatique, prendre soin de la nature, et, surtout, ne pas attendre pour le faire !!!