La thématique de ce 28e Festival du Film Francophone d’Albi a fait swinguer et danser les séances. « 🎶La Musique au cinéma🎶 » a accompagné les images et les personnages de cette nouvelle édition.
Le genre de la comédie musicale a toujours connu différents rythmes, du récent Emilia Perez de Jacques Audiard au culte Les demoiselles de Rochefort de Jacques Demy. D’une certaine manière, les deux sœurs jumelles nées sous le signe des gémeaux dialoguent avec celles de Prodigieuses de Frédéric Potier et Valentin Potier (en salles depuis ce 20 novembre). Le documentaire Jacques Demy: la rose et le noir de Florence Platarets évoque autant ses rêves accomplis que certains de ses échecs.
Des rêves de comédie musicale et des échecs aux castings composent d’ailleurs le quotidien de l’héroïne de Dans la cuisine des Nguyen de Stéphane Ly Quong. De son côté, En fanfare de Emmanuel Courcol joue sur les différrences entre fanfare d’amateurs et grand orchestre classique. Le compositeur Vincent Cahay est venu parler de sa fidèle collaboration avec le réalisateur Fabrice du Weltz pour Le dossier Maldoror qui sera l’un des évènements cinéphiles de janvier.
Aux Oeillades, c’est le public qui vote après les projections. Après le tragique et réaliste Amal avec Lubna Azabal l’an dernier, lequel des 11 films en compétition allait lui succéder? Certains sont déjà promis à un futur succès public (En Fanfare) et d’autres affichent un style plus singulier comme Bonjour l’asile! de Judith Davis (26 février 2025), ou la surprise romantique Jane Austen a gâché ma vie de Laura Piani (5 février 2025).
Road-trip à deux roues
Le film qui a le plus touché au cœur est finalement A bicyclette ! de Mathias Mlekuz (sortie le 26 février 2025). Il remporte donc le Prix du Public, allongeant son palmarès après d’autres prix du public aux festivals d’Angoulême et de Valenciennes. On y suit un long road-trip en vélo depuis La Rochelle en direction de Istanbul, avec Mathias Mlekuz qui emmene avec lui son ami Philippe Rebbot. Il s’agit de refaire de manière symbolique le même trajet entrepris que son fils Youri ,décédé. Un sujet très intime, inspiré du carnet de voyage du disparu.
Côté courts métrages la sélection était équilibrée entre fictions en prises de vues réelles et films d’animation (de la fantaisie à des récits plus graves). L’animation a séduit les plus jeunes avec le spectaculaire Atomic Chicken (un poulailler est bouleversé par des mutations à cause d’une centrale nucléaire), qui repart avec le prix du jeune public. Monochrome, prix du public, se confronte au racisme via une applicaion de rencontre. Après des mois à se parler à distance via un site de rencontre, Thomas propose à Marie d’enfin la rencontrer, mais avant elle va devoir faire une révélation…
Le Palmarès du 28e Festival du Film Francophone d’Albi :
Prix du Public : À BICYCLETTE ! de Mathias Mlekuz (France, sortie nationale le 26 février 2025)
Prix du Film Vert : SE SOUVENIR DES TOURNESOLS , documentaire de Sandrine Mercier et Juan Gordillo Hidalgo (France, sortie à venir au printemps 2025)
Prix Jeune Public (par des élèves de six collèges) pour les courts-métrages : ATOMIC CHICKEN , animation de Thibault Ermeneux, Lucie Lyfoung, Solène Polet, Capucine Prat, Morgane Siriex et Anna Uglova (France)
Prix du Public pour les courts-métrages : MONOCHROME , de Cédric Prévost, avec Paul Fougère, Alexia Giordano, et Manda Touré (présente à Albi)
Enfin, le documentaire Se souvenir des Tournesols – Prix du film vert -a été tourné dans le département du Gers, donc en Occitanie et pas loin de Albi. La réalisatrice Sandrine Mercier pose son regard sur sa région d’origine qu’elle avait quittée. A travers une jeune fille d’aujourd’hui, qui va passer son bac et devoir choisir de partir pour continuer ses études, se dessine une région où il fait bon vivre, mais où chacun est amené à devoir choisir à un moment d’aller ailleurs. Sans université, en manque d’emplois, désert médical, le Gers a cette particularité d’être animé de plein de fêtes et de fanfares (décidément), mais aussi par les vendanges. Las, les tournesols cherchent le soleil ailleurs…
Florilège
Les Oeillades d’Albi célèbre le cinéma francophone à venir avec aussi certains des meilleurs films de l’année, le moment de se rendre compte que certains films dialoguent entre eux autour de certains thèmes.
Par exemple, la délicate question de l’integrisme religieux qui sépare des gens de leur famille.
La réalisatrice canadiene Nathalie Saint-Pierre est venue accompagnée son film Sur la terre comme au ciel où une jeune-fille va sortir d’une secte d’inspiration catholique où l’extérieur n’est pas aussi sacrilège que ce qu’on lui avait dit. En écho, Rabia de Mareike Engelhardt (sortie ce 27 novembre) exposent d’autres jeunes filles qui vont rentrer dans l’organisation de Daeash en Syrie où l’intérieur ne sera pas aussi pieux qu’imaginé…
La Corse et ses relations complexes aux affaires plus ou moins mafieuses était abordée avec Borgo de Stéphane Demoustier où une surveillante de prison sera mèlée à un règlement de compte, et dans Le Mohican de Frédéric Farrucci (sortie le 12 février). Ici, c’est un berger qui se retrouve au milieu d’une opération de rachat de terrains, qu’il refuse de vendre à des gens à qui il ne faudrait pas dire non. Il va lui falloir fuir…
Albi aura été l’occasion pour Le Dossier Maldoror de Fabrice du Welz de promouvoir le film dans un autre festival, après une tournée amorcée au festival de Venise. Le cibéaste réussit le tour de force de réunir à la fois son goût pour les films de genre et de livrer une version personelle de la grande affaire criminelle qui a marqué la Belgique : l’affaire Dutroux avec des enlèvements de petites filles et des ramifications de réseau pédophile. Le film avance de manière tortueuse par le biais de l’enquête d’un policier obsédé par l’affaire en dépit des dysfonctonnements des multiples services de police. Il en vien à sacrifier sa vie de famille. Le jeune acteur Anthony Bajon montre une nouvelle fois qu’il est capable d’une performance d’acteur sensationelle. À découvrir le 15 janvier.
