Cannes 2022 | Le palmarès de la Compétition

Cannes 2022 | Le palmarès de la Compétition

Le jury de Vincent Lindon n’a pas la tâche facile. Il y a eu peu d’unanimité autour des films de la compétition. De notre côté, les films qui nous ont marqués sont souvent les propositions les plus audacieuses. Pacifiction, Leila et ses frères, EO, R.M.N., La femme de Tchaikovski emportent nos suffrages. Les amandiers, Close, Boy from Heaven, Showing Up n’ont pas non plus démérités. Et n’oublions pas Decision to Leave, même si Park Chan-wook nous a habitués à davantage de surprise ou Armaggedon Time de James Gray, consensuel mais largement à sa place.

Il y a aussi eu de nombreuses grosses déceptions (Stars at noon, Les huit montagnes, Les nuits de Mashhad, Les bonnes étoiles, Nostalgia) et quelques déraillements d’anciens palmés (Tori et Lokita, Sans filtre).

Finalement, quitte à voir des films qui ne sont pas à la hauteur d’une grande compétition cannoise (la pandémie a causé beaucoup de retard sur les tournages), on aurait peut-être aimé voir une compétition plus renouvelée, plus éclectique, avec des films. Des œuvres présentés ailleurs dans la sélection officielle comme Godland (Un certain regard), As bestas (Cannes Première), Trois mille ans à t’attendre (Hors compétition) ou Restos do vento (Séances spéciales) auraient amené du cosmopolitisme et des sensations un peu moins conformistes. Une prise de risque qui aurait stimulé notre désir plutôt que de l’émousser avec des films moyens de grands réalisateurs.

Mais ce qu’on retiendra du plamarès comme des autres prix remis à Cannes, c’est la vitalité et la force du cinéma venu d’Asie, que les talents soient vétérans ou exilés, émergeants ou icônes. Evidemment, on sent à travers les nombreux prix remis qu’il y a eu division dans le jury. Mais en éliminant quelques uns des très grands films de la compétition et en récompensant des films faciles et ambivalents, des mélos maladroits et des œuvres complaisantes, on sent bien que le jury s’est orienté vers un cinéma à l’imagerie accessible, faisant fi des messages ou des faiblesses, renonçant à l’ambition et à l’audace.

Une deuxième Palme pour Ruben Ostlund, après The Square, montre à quel point le jury a préféré un film qui enfonce des portes ouvertes sur le cynisme de notre société superficielle que des films qui réflechissent sur l’état du monde avec une réelle envie de cinéma.

PALME D’OR : Triangle of Sadness (Sans filtre), deuxième Palme pour Ruben Ostlund

Grand prix du jury ex-aequo : Close de Lukas Dhont et Stars at noon de Claire Denis

Prix de la mise en scène : Park Chan-wook pour Decision to Leave

Prix du 75e anniversaire : Tori et Lokita de Jean-Pierre et Luc Dardenne

Prix d’interprétation masculine : Song Kang-ho (Les bonnes étoiles)

Prix d’interprétation féminine : Zar Amir Ebrahimi (Les nuits de Mashhad)

Prix du scénario : Tarik Saleh pour Boy from Heaven

Prix du jury ex-aequo : Les huit montagnes de Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen et Eo de Jerzy Skolimowski

Palme d’or du court métrage : Hai bian sheng qi yi zuo xuan ya (The Water murmurs) de Story Chen 

Mention spéciale court métrage : Lori de Shah Abinash Bikram 

Caméra d’or : War Pony de Riley Keough et Gina Gammell (Un certain regard)

Mention spéciale Caméra d’or : Plan 75 de Hayakawa Chie (Un certain regard)