Les César : 12  films français sans nominations qui ont fait l’année 2023

Les César : 12 films français sans nominations qui ont fait l’année 2023

La 49ème cérémonie des César va se dérouler ce 23 février et beaucoup de statuettes sont attendues pour l’équipe de Anatomie d’une chute (11 nominations) qui cumule les récompenses à l’international (European Award, Baftas, bientôt Oscars…) depuis qu’il a reçu la Palme d’or du Festival de Cannes.

Les films qui sont d’ailleurs passés par les différentes sélections de Cannes 2023 sont largement représentés dans ces nominations : Le Règne animal (12), Le Procès Goldman (8), L’Amour et les Forêts (4), L’Été dernier (4), La Passion de Dodin Bouffant (3), Little Girl Blue (3), Jeanne du Barry (2), Le Ravissement (2), Le Théorème de Marguerite (2), L’Abbé Pierre (1), La Fille de son père (1), Acide (1), Les Filles d’Olfa (1), Vincent doit mourir (1), Linda veut du poulet! (1) et Mas Express (1); et le court-métrage Boléro (1). A côté de ce fort contingent cannois, plusieurs nominations vont à des films ayant rencontré un large succès public en salles : Je verrai toujours vos visages (9), Chien de la casse (7), Les Trois Mousquetaires (6).

L’Académie des César, soit 4705 membres votants devant choisir parmis plus de 200 films français éligibles, fait briller les films qui sont déjà les plus populaires : la cérémonie n’est jamais vraiment représentative de la très grande diversité du cinéma hexagonal. Dès l’annonce des nominations des César les spectateurs les plus fidèles n’ont pas manqué de regretter des absences, petit florilège sur le réseau X (ex-Twitter) :

« Comme tous les ans, on a l’impression que les Césars ont vu 2 films dans l’année.. C’est pas sérieux quoi… »

« L’Académie des Césars = regarder plus de dix films par an challenge »

« On se réjouit de retrouver 3 réalisatrices nommées pour le meilleur film et la réal. Petit regret pour Katell Quillévéré qui, à nos yeux, méritait certainement davantage de lumière que Breillat. »

« Attendez… Camille Cottin était éligible mais n’a pas été nominée aux Césars »

« « Je verrai toujours vos visages » me paraît assez favori dans cette catégorie avec ses 187 nominations mais Galatea Bellugi a ses chances elle est super dans Chien de la casse (je vous ai déjà parlé de Chien de la casse ?) »

« Bonne chance à Galatéa Bellugi dans la catégorie second rôle féminin face à l’armada « Je verrai toujours vos visages » #César2024 »

« Par pitié que Galatea Bellugi gagne, ce serait hilarant et elle était superbe »

« Alors là … c’est vraiment la honte au max que Park Ji-min ne soit pas nommée aux #César2024 Elle est fulgurante. »

« Très déçu pour #lapassiondeDodinBouffant qui méritait bien plus de nominations aux #Cesar2024»

« Imagine tu remportes le Prix de la Mise en Scène à Cannes et on ignore honteusement ton film aux Césars… »

A chacun ses favoris. La cérémonie est aussi une occasion aussi de se remémorer d’autres films bien moins populaires (et pour certains même pas vus par beaucoup des votants…) et qui se retrouvent sans aucune nomination.

Voici 12 films emblématiques, à leur manière, parmi lesquels de nombreuses premières oeuvres de nouveaux talents comme Steve Achiepo, Bastien Milheau, Delphine Deloget, Simon Rieth, ou encore le jeune Nathan Ambrosioni (plusieurs longs-métrages réalisés à 23 ans), et d’autres grands talents au succès confidentiel en France mais pour certains reconnus aussi hors de nos frontières…

Tirailleurs de Mathieu Vadepied : avec Omar Sy, Alassane Diong…

Sorti en début d’année 2023, après un accueil chaleureux à Cannes en 2022, ce film franco-sénégalais qui a réveillé un pan de notre Histoire et qui s’est invité dans les pages société et les émissions de talk intellos, aurait logiquement dû valoir quelques nominations. D’autant qu’il a attiré 1,2 million de spectateurs, malgré un sujet dramatique. Mais combien de film ont eu un réel impact politique puisqu’à sa sortie, le gouvernement a enfin levé pour les dizaines de survivants l’obligation de résider six mois en France pour percevoir leur minimum vieillesse…

Earwig de Lucile Hadzihalilovic : avec Paul Hilton, Romane Hemelaers, Romola Garai…

Chacun de ses films précédents (Innocence avec Marion Cotillard, Évolution) est une immersion visuelle et sonore dans un monde intriguant, c’est d’ailleurs intégré dans la bande-annonce : « Lucile Hadzihalilovic est le secret le mieux gardé du cinéma français », ne serait-ce que pour le César de la meilleure réalisation ou d’autres catégories techniques (décor, photographie, musique…), elle se place au dessus des autres. Sauf que ses films sont très peu vus avec des sorties en salles confidentielles (les quelques dialogues sont en anglais mais peu importe : aux derniers British Academy Film Awards le prix du ‘meilleur film britannique’ a été pour La Zone d’intérêt de Jonathan Glazer pourtant dialogué en allemand).

L’Astronaute de Nicolas Giraud : avec Nicolas Giraud, Mathieu Kassovitz, Hélène Vincent…

C’est l’exemple de l’acteur qui est devenu scénariste et réalisateur pour faire les films dans lesquels il voudrait se voir. Après un drame sensible (Du soleil dans mes yeux), le voila astronaute pour un passionnant désir de s’envoler dans l’espace tout seul, et peut-être y trouver une forme de consolation. Une fusée se prépare entre folle obstination et le suspense d’une compte-à-rebours, une belle réussite.

Le Marchand de sable de Steve Achiepo : avec Moussa Mansaly, Ophélie Bau, Aïssa Maïga, Benoît Magimel…

Le sujet délicat de l’accessibilité à un logement, de manière légale comme illégale, entre grande nécessité et petites combines vers une spirale incontrôlable.

Apaches de Romain Quirot : avec Alice Isaaz, Niels Schneider, Rod Paradot, Artus…

Deuxième film de Romain Quirot, et deuxième fois qu’il développe une grande ambition de mise en scène très visuelle (ici une reconstitution de Paris au 19ème siècle, et une narration proche d’une bande-dessinée) qui se situe bien au dessus que n’importe quel autre film en catégorie meilleure réalisation, mais aussi pour ses décors, costumes, meilleur montage. Même Alice Isaaz méritait sa place dans la catégorie meilleure actrice. Mais c’est probablement trop fantasque pour les César…

Nos céramonies de Simon Rieth : avec Raymond Baur, Simon Baur, Maïra Villena…

Encore un exemple d’un premier film français épatant, mais avoir une présentation à La Semaine de la Critique à Cannes et quelques festivals (avec d’ailleurs des récompenses comme à Bruxelles et Neuchâtel) ne suffit pas. La sortie s’est faite dans un trop petit nombre de salles… Avec la révélation d’un trio de nouveaux visages qu’on souhaiterait revoir. Mais ce qui nous a séduit c’est avant tout l’approche d’une relation fraternelle par delà le mystère de la mort…

Farang de Xavier Gens : avec Nassim Lyes, Loryn Nounay, Olivier Gourmet…

Le film d’action et de bagarre n’est pas vraiment une spécialité française, mais justement Xavier Gens est un des rares spécialistes du genre (après des diverses expériences dans d’autres pays comme pour The Divide ou la série Gangs of London). En prime ici, il y a la révélation du jeune acteur Nassim Lyes, zappé par les César… NB : à venir cet été le film de requins à Paris dans Sous la Seine de Xavier Gens, avec Bérénice Bejo et encore Nassim Lyes.

Super-bourrés de Bastien Milheau : avec Pierre Gommé, Nina Poletto, Barbara Schulz (et un petit rôle joué par la réalisatrice Sophie Fillières, décédée en juillet avant la sortie du film)…

Une comédie impertinente avec des ados qui boivent de l’alcool à la campagne ? Parce que il n’y a pas que les américains qui savent fait ce genre de ‘coming-of-age story’ rigolo : alors bravo!

Toni en famille de Nathan Ambrosioni : avec Camille Cottin…

C’est l’une des rares actrices françaises a avoir quantité de fans à l’international, ce qui fait que ce film voyage s’est exporté en Italie, en Allemagne, en Espagne, en Pologne, au Japon… Peut-être le meilleur rôle de Camille Cottin (où d’ailleurs elle chante aussi un peu), et pourtant elle ne reçoit aucune nomination. Souhaitons au jeune prodige Nathan Ambrosioni (scénariste et réalisateur de déjà 4 longs-métrages à 23 ans, mais c’est le 2ème à sortir en salles) que son prochain projet reçoive une nomination… Consolation : le film a séduit 300 000 spectateurs.

Gueules noires de Mathieu Turi : avec Samuel Le Bihan, Amir El Kacem, Jean-Hugues Anglade, Philippe Torreton, Thomas Solivérès…

C’est le meilleur film de genre français de l’année, visant à la fois les amateurs de fantastique et un public plus généraliste. Mais hélas, ils n’ont été que 50000 spectateurs à le savoir… Bien sûr, il y a eu les 270000 entrées pour Vermines qui décroche deux nominations. Mais Gueules noires aurait pu tout aussi bien être nominé par exemple pour les meilleurs décors ou la révélation du jeune acteur Amir El Kacem…

Rien à perdre de Delphine Deloget : avec Virginie Efira…

Virginie Efira qui montre là sa meilleure performance de l’année (mais elle a eu une nomination pour L’amour des forêts), avec aussi Arieh Worthalter (lui nominé pour Le procès Goldman), Félix Lefebvre, Mathieu Demy, India Hair…C’est un des rares film passé par le festival de Cannes à ne pas être quelque part dans les nominations.

Le temps d’aimer de Katell Quillévéré : avec Anaïs Demoustier, Vincent Lacoste…

C’est LA grande absence incompréhensible de cette cérémonie des César (avec The Fabelmans de Spielberg). Aucune nomination et cela fait écho à l’absence de nomination l’année dernière pour Rebecca Zlotowski et Les enfants des autres. Une serveuse déjà maman d’un petit garçon rencontre un étudiant parisien boiteux juste après la fin de la seconde guerre mondiale, ils font former un couple de convenance pour dissimuler l’un et l’autre leur secret inacceptable pour l’époque… C’est pourtant l’archétype du film romanesque et académique (avec aussi une première à Cannes) pour lequel on pouvait attendre à minima une nomination en meilleure réalisation ou en meilleur scénario.

César ou pas César, l’année 2023 a été remarquable pour le cinéma français avec des progressions à tout point de vue (par rapport à 2022), signant une belle reprise d’activité post-Covid. Il représente 39,8% de parts de marché dans les salles, et 12 films ont dépassé le million de spectateurs (beaucoup de comédies) : et c’est aussi cette très grande diversité de film dans son ensemble qui contribue à atteindre 71,9 millions d’entrées pour des films français.